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00:00Chaque son émis par un oiseau, c'est presque une action qu'il va faire.
00:09En tout cas, c'est pour se signifier, souvent.
00:11C'est pour dire « je suis là, je suis là, je suis là, c'est ma maison, c'est mon territoire. »
00:15Et donc, quand tu arrives, toi, en tant que chanteur d'oiseau ou imitateur d'oiseau sur son territoire,
00:20que tu dis « moi aussi je suis un rouge-gorge », l'oiseau, inévitablement, il vient te dire « non, t'es chez moi. »
00:25Et c'est pour ça qu'il y a une interaction.
00:27Si on parle de la gamme des sons et de la gamme, le répertoire, on va dire, sonore d'un oiseau
00:31et tout le signifiant qu'il peut y avoir, je trouve que justement, le merle noir,
00:35c'est vraiment l'oiseau qui représente le mieux ça.
00:38Parce que son champ de territoire, son ramage, c'est...
00:41C'est ses grandes mélopées.
00:47Et là, si je crie de contact...
00:52Rien à voir.
00:54C'est vraiment des sons percussifs.
00:57Cri d'alarme.
01:02Je me fie, je ne bouge plus.
01:04Appel au dortoir.
01:05On va dormir.
01:10Et cri de fuite.
01:10On a eu une chance, nous, c'est de naître dans un bain de champs d'oiseaux.
01:18Notre petit village d'Arrée, aux confins de la baie de Somme, il est survolé deux fois par an par les migrations.
01:24Des migrations qui vont vers le Grand Nord au printemps et puis des migrations qui partent vers l'Afrique à l'automne.
01:29Je pense que si on naissait maintenant en baie de Somme, on ne serait pas autant touché par ce bain de champ d'oiseaux.
01:34Même moi, mon père me disait quand il se baladait dans les champs, il n'arrivait pas à parler avec son voisin.
01:39Ce n'était pas possible.
01:40Il était agriculteur, il voulait parler.
01:42Ce n'était pas possible.
01:43L'alouette des champs était tellement forte qu'il ne s'entendait pas.
01:46C'est fou.
01:46Aujourd'hui, c'est le désert.
01:48Vous allez dans un champ, n'importe où, que ce soit en Normandie, en Picardie ou ailleurs,
01:52vous n'entendrez pas d'alouettes.
01:54Il faut très peu, une ou deux, au loin.
01:56C'est évident que la disparition la plus puissante est sur les zones de grande culture.
02:03Mais normalement, c'est quand même là où il y a 80% des espèces qui sont en disparition.
02:07Et ça, c'est là où on ne le voit pas.
02:08C'est toujours pareil.
02:09Les disparitions se font là où personne ne peut en prendre conscience.
02:12C'est la mort silencieuse des oiseaux.
02:13C'est-à-dire qu'en fait, à part être vraiment affûté, avoir les oreilles affûtées,
02:18c'est pour ça qu'il faut les affûter,
02:19au moins on s'aperçoit des choses qui se passent
02:21et on peut entendre qu'il y a beaucoup moins de diversité sonore.
02:25C'est-à-dire qu'il n'y a plus beaucoup de fauvettes qui chantent en même temps que des pas,
02:28ce sont des mésanges.
02:31On fait des choses avec les enfants en pédagogie.
02:34Leur cartographie sonore n'est plus tout la même.
02:38Si on leur fait un coucou, on pense que c'est un hibou.
02:39C'est un chant d'oiseaux qui n'est plus du tout connu.
02:45Et quand on fait, c'est une torterelle turque qui n'existait pas,
02:48qui n'était pas là il y a 50 ans et ils pensent que c'est un coucou.
02:51Enfin voilà, il y a toute une confusion.
02:53Dans l'imaginaire de l'oiseau.
02:55On a écrit un livre, ça paraît incroyable,
02:57parce que nous on passe toujours par le média sonore
02:58pour nous exprimer, pour raconter la vie des oiseaux.
03:01Mais il fallait quelque chose de plus.
03:02Il fallait un petit manuel, un petit fascicule à transmettre aux générations
03:06pour comment déjà aussi avoir le déclic de faire cette démarche de stifler.
03:11Et on l'a rédigé sans se concerter.
03:14On racontait notre histoire d'enfance,
03:15comment c'était venu,
03:16comment ce désir tellement puissant d'y arriver nous a habité.