Au sommaire ce samedi : un reportage sur la menace de la désindustrialisation, un détour par les élections australiennes, un entretien avec le patron du groupe d'électroménager SEB. Et avant tout cela, un débat qui revient en force dans l'actualité : doit-on travailler plus et/ou travailler mieux ?
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00:00Et pour poursuivre la réflexion, le directeur général du groupe Seb, leader mondial du Petit Électroménager, nous a rejoint dans ce studio.
00:07Stanislas de Gramont, bonjour.
00:08Bonjour.
00:09Seb, 31 000 salariés, 7 000 en France.
00:12Vous avez écouté ce reportage, vous avez vu avoir quelques réactions différentes.
00:16Qu'est-ce que ça vous inspire ?
00:18Beaucoup de choses.
00:19D'abord, nous sommes un industriel très implanté en France.
00:22Nous avons 20 usines en France.
00:24On regarde avec une certaine ironie ce débat délocalisation, relocalisation, désindustrialisation, réindustrialisation.
00:32Parce que nous, on n'est jamais parti de France, vraiment.
00:35Et les quelques réflexions que ça m'inspire...
00:37Mais vous êtes aussi partout dans le monde.
00:38Et nous sommes aussi partout dans le monde.
00:39Vous avez que 20% de votre utilité en France.
00:4120% de ce que nous vendons dans le monde est fabriqué en France.
00:44Mais je pense qu'il y a deux clés.
00:47La première, c'est l'innovation.
00:48C'est-à-dire qu'on est capable de maintenir un outil industriel en bonne santé si on innove.
00:54Et la compétitivité.
00:55C'est-à-dire qu'un outil industriel, quelle que soit sa localisation, quelle que soit l'intention politique,
01:00la vérité, c'est notre capacité à vendre les produits sur les marchés, qu'ils soient français, européens ou mondiaux.
01:05Et ça passe par la compétitivité des coûts de production.
01:08C'est risquer parfois l'innovation.
01:10Enfin, effectivement, c'est important.
01:11Mais effectivement, Seb, c'est les défroisseuses qui ont donné une nouvelle vie au fer à repasser.
01:17Mais c'est aussi...
01:18Je me suis plongée dans les archives de l'émission.
01:20Vous étiez invité, Seb, enfin c'était Thierry de la Tour d'Arthez, il y a quelques années.
01:24Juste après le Covid, vous vous lanciez dans les vélos électriques.
01:28Ça, ça n'a pas marché.
01:29C'est un peu le jeu ou le pari de l'innovation.
01:32Simplement un groupe qui assure une croissance de 5% par an depuis de très nombreuses années.
01:39C'est sans doute qu'il y a plus d'innovation qui réussisse que d'innovation qui rate.
01:42Mais effectivement, dès que vous essayez quelque chose de nouveau, vous prenez un risque.
01:45Alors, le contexte quand même est difficile.
01:48Vous, vous êtes touché aussi par la hausse des droits de douane, par les 25% sur l'aluminium et l'acier qui font partie de vos matières premières.
01:54Et vous produisez beaucoup d'ailleurs en Chine.
01:56Tout ça va avoir quelles conséquences pour vous ?
01:59Alors, donc, les Etats-Unis, puisque c'est de ça qu'on parle, représentent 10% du chiffre d'affaires du groupe.
02:05C'est substantiel, mais c'est que 10%.
02:06Nous faisons 20% de ce que nous vendons aux Etats-Unis, aux Etats-Unis.
02:11Donc, la base impactée, c'est...
02:13Vous allez investir plus aux Etats-Unis ?
02:16Vous avez deux usines là-bas.
02:17J'y reviens dans une seconde.
02:19La base, si vous voulez, c'est de reporter dans les tarifs et donc dans les prix, l'impact des droits de douane.
02:27Ensuite, l'idée...
02:28Vous allez augmenter vos prix ?
02:30Oui, aux Etats-Unis.
02:31Ensuite, la question...
02:32Pas du tout en France ?
02:33Non, pas du tout.
02:34C'est complètement déconnecté.
02:35La question de la relocalisation aux Etats-Unis, elle dépend d'un agenda et d'une échéance qui est beaucoup plus longue que le court terme.
02:45Vous ne relocalisez pas une production pour quelques jours, quelques semaines ou quelques mois.
02:50Donc, aujourd'hui, la première réaction, c'est de répercuter dans les prix aux Etats-Unis les hausses de droits de douane.
02:56Ça devrait être assez contenu, finalement, parce que l'essentiel, c'est les taxes sur l'aluminium, l'acier, donc de l'ordre de 25%.
03:03Et à moyen terme, nous avons l'avantage...
03:06Attendez, vous allez investir plus aux Etats-Unis, c'est quand même une question qui est sur la table.
03:10Alors, nous avons l'avantage...
03:11Est-ce que vous ne feriez pas quand même un peu le jeu de Trump ?
03:14Mais pas du tout.
03:15Nous avons l'avantage aujourd'hui d'avoir des implantations dans cinq continents.
03:19Nous avons des implantations industrielles au Brésil, en Colombie, en Chine, au Vietnam, en France, en Égypte.
03:25Et donc, nous avons un certain nombre d'alternatives pour développer nos productions dans des pays moins taxés.
03:32Aujourd'hui, les produits que nous fabriquons aux Etats-Unis sont très identifiés, très spécifiques.
03:37Et si nous augmentons nos capacités de production, ça sera parce que nous vendons plus de ces produits-là.
03:42Donc, il ne s'agit pas de relocaliser aux Etats-Unis, il s'agit d'augmenter la production de produits déjà fabriqués aux Etats-Unis.
03:48Donc, ça ne se fera pas au détriment d'emplois en France ?
03:50Non, pas du tout. Au contraire, je pense que la France, l'Europe, étant plutôt moins taxée que d'autres régions du monde,
03:56on est plutôt dans une perspective positive où on aurait éventuellement une augmentation des volumes fabriqués en France à destination du marché américain.
04:04Mais donc, je vous entends, la décision n'est pas complètement prise, c'est ça ?
04:06Vous attendez de voir ce qui se passe. Désescalade, c'est ce qui est en train de se passer pour vous avec la proposition de l'Union Européenne,
04:12de rééquilibrer 50 milliards, la balance commerciale entre l'Europe et les Etats-Unis.
04:16Pour vous, on va plutôt vers une désescalade ?
04:18On écoute plutôt ce que dit le président des Etats-Unis, qui disait il y a quelques semaines 54%, 125%, 145%,
04:27qui ensuite a dit non, finalement, ça sera beaucoup moins, on va être gentil, ils vont être gentils.
04:31Je pense que le principal acteur de cette désescalade, c'est le président des Etats-Unis
04:36et la manière dont il organise lui-même les droits de douane qu'il impose aux différents pays.
04:41Mais je pense que oui, effectivement, on n'est pas au bout de l'histoire.
04:43On a beaucoup parlé cette semaine des petits colis, des petits colis chinois, notamment venant des plateformes Chine et Temu,
04:52sur lesquelles on trouve notamment des grilles pain chinois à 6 euros, si je ne me trompe pas.
04:56Alors, le gouvernement français veut agir, il veut contrôler plus, il veut même taxer ces colis,
05:00mais il dit qu'il faut d'abord se coordonner avec les autres pays européens. Vous en pensez quoi ?
05:05Moi, je pense qu'on a intérêt à agir vite, parce que le gouvernement américain a mis en place ce qu'ils ont appelé le déminimis,
05:12qui impose un droit de douane prohibitif à tous les petits colis.
05:15En vigueur depuis hier.
05:17Comment ?
05:17En vigueur depuis cette semaine.
05:18En vigueur depuis cette semaine.
05:20Notre sujet, c'est en fait l'égalité devant les droits de douane, devant les normes, devant les règlements.
05:28Il y a la concurrence est toujours bienvenue, simplement ces petits colis qui arrivent en passant libre de droits de douane,
05:37en passant libre de contrôle des normes sanitaires, sécuritaires, etc.
05:42Sans même parler des normes environnementales au niveau de la production.
05:45Ça pose un problème, parce que que l'Europe se fixe des normes et une exigence forte en matière fiscale,
05:54en matière environnementale, en matière de sécurité des consommateurs, c'est tout à fait bien.
05:57Mais comment on fait quand tout le monde est en ordre dispersé ?
06:00Là, le gouvernement est quand même un peu impuissant.
06:03Certes, la ministre Amélie de Monchalin dit qu'on va réunir les différents pays pour très vite agir,
06:07mais on voit que là, la France n'a pas beaucoup de moyens d'action en fait.
06:10Malheureusement, je ne suis pas au gouvernement français ni au gouvernement européen.
06:12Ça vous inspire quoi ce qui se passe cette semaine ?
06:14L'opération de communication ou il y a vraiment une volonté d'agir ?
06:17Moi, j'appelle de mon souhait, de la part de l'Europe, une réaction rapide,
06:21parce que l'Europe est menacée, et n'est pas menacée d'ailleurs uniquement par ses petits colis.
06:26L'Europe est face à une déconnexion croissante entre un certain nombre de phénomènes
06:32de normalisation, d'augmentation des normes environnementales, sécurité fiscale, etc.
06:38dans un monde qui va dans une trajectoire différente.
06:42Alors justement, vous faites parfaitement la transition dans ce contexte de tension commerciale.
06:47La planète, elle continue de se réchauffer.
06:49Les industriels mettent pour certains la pédale sur le frein sur leur projet de décarbonation.
06:54On a entendu ArcelorMittal qui met en stand-by son énorme projet de transformation de son fourneau.
06:59C'est un risque aussi pour vous de devoir freiner sur la décarbonation dans ce nouveau contexte ou pas ?
07:06Non, c'est-à-dire que nous avons publié il y a maintenant un an notre nouvelle trajectoire de décarbonation
07:15qui nous met compatibles avec la trajectoire SBTI, qui est l'organisme de référence pour la neutralité carbone en 2050.
07:23Vous avez dit moins 43%, c'est votre objectif.
07:25Moins 42%, exactement. Vous êtes bien renseigné.
07:26Vous en êtes où ?
07:28Et donc, nous sommes en ligne.
07:30Donc, on a démarré cette nouvelle trajectoire l'année dernière, 2024.
07:34Nous sommes en ligne avec cette ambition.
07:37Mais le sujet, c'est d'une part de savoir comment est-ce qu'on va réaliser cette décarbonation
07:42et d'autre part de rester un peu en dehors des modes ou des grandes vagues ou des grands courants.
07:51Il y a un besoin de décarboner notre industrie, c'est une certitude.
07:54Vous le faites sur votre site 10 sur 10.
07:57Là, vous avez annoncé ce mois-ci transformer ce site pour en faire le premier site mondial de reconditionnement des petits objets défectueux qui sont rendus par les consommateurs.
08:08Ça, vous dites que c'est une première mondiale.
08:09Il n'y a que 20 salariés quand même sur le site, mais première mondiale, ça va servir à quoi ?
08:13La vision, c'est quoi ?
08:15D'abord, réutiliser ou réparer un appareil dont la réparation est peu onéreuse, c'est une bonne idée.
08:23C'est une bonne idée économique et c'est une bonne idée écologique.
08:26Ensuite, les consommateurs sont de plus en plus friands de ce type de services et de ce type d'offres.
08:32On le voit sur les automobiles, on le voit sur les smartphones.
08:35Et donc, nous, ce que nous disons, c'est que nous devons nous donner les moyens pour un jour être capables de faire 3, 4, 5, 8% de nos volumes sur des produits reconditionnés ou réparés.
08:46L'avantage des produits de Sèbes, c'est qu'ils sont réparables dès leur conception.
08:51Un produit réparable, je vais être très technique, mais c'est un produit qui peut se démonter et se remonter avec des petites pièces qui ne coûtent pas cher.
08:58Et c'est ce que nous faisons, c'est exactement ce que nous faisons.
09:00Donc, nous faisons des produits réparables, nous produisons des produits réparables et nous allons au bout de l'exercice en les réparant nous-mêmes pour les consommateurs qui le souhaitent.
09:08En un mot, je sais que c'est compliqué, mais j'avais quand même envie d'évoquer avec vous le sujet très sensible des pifaces, ces polluants éternels.
09:14Est-ce que vous, qui sont dans une partie des adhésifs de vos poils, est-ce que vous êtes en train de faire évoluer votre production vers plus d'acier, plus d'inox ?
09:25On sait que les ustensiles de cuisine ont été exemptés de l'interdiction qui se profile à l'horizon.
09:30Vous avez fait un gros lobbying pour dire non, non, nos ustensiles ne sont pas nocifs pour la santé.
09:35Mais est-ce que vous faites évoluer votre gamme de produits à minima ? Est-ce que ce n'est pas quand même le sens de l'histoire ?
09:40Alors, je vous remercie de me poser la question parce que ça permet de remettre un peu les lises au milieu du village.
09:43Il va falloir aller très très vite parce qu'on n'a plus beaucoup de temps.
09:45Un, l'inocuité des produits recouverts de PTFE n'est pas une affirmation.
09:51PTFE, c'est une partie des pifaces, c'est une catégorie de ces compositions.
09:55Cette inocuité est garantie par l'ensemble des agences sanitaires.
09:58Deux, nous sommes...
09:59Alors, les scientifiques sont quand même plutôt divisés.
10:02Les agences sanitaires sont celles qui ont référent...
10:04Ce que les scientifiques disent aujourd'hui, c'est que surtout, on ne peut pas avec certitude affirmer que ce n'est pas nocif.
10:10Les agences sanitaires qui sont référentes et qui sont les seules autorisées à se prononcer là-dessus...
10:16Ma question, c'est est-ce que vous faites évoluer votre gamme ?
10:18Bien sûr, je vous réponds.
10:19Nous, nous sommes leaders dans l'inox, dans les revêtements céramiques, dans les revêtements PTFE.
10:24Donc, pour nous, nous sommes un peu agnostiques de tel ou tel revêtement.
10:28Nous avons été les premiers à lancer des poils recouvertes de céramique en 2009.
10:33Donc, on est sur le sujet bien avant.
10:35Et nous suivons la demande des consommateurs.
10:37Les consommateurs préfèrent les revêtements PTFE parce que c'est plus performant.
10:40Téflon, donc.
10:41Non, PTFE, ce n'est pas du téflon.
10:44C'est un poly-tétrafloré.
10:47Les consommateurs sont toujours au rendez-vous de ces produits.
10:52Les ventes provoques.
10:53Merci beaucoup.
10:54Merci Stanislas de Gramont, directeur général du groupe Seb.
10:57Vous étiez l'invité d'On n'arrête pas l'écho.
10:59Merci beaucoup.
10:59Bon samedi.
11:00Merci.
11:01Merci.
11:02Merci.
11:03Merci.
11:04Merci.
11:05Merci.