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Anaïs Guillaume, 21 ans, amoureuse des chevaux et de la vie au grand air, ne se doutait pas qu'en poussant la porte d'une ferme des Ardennes, celle-ci allait se refermer à tout jamais sur elle. Et que cet horizon, entre la France et la Belgique, serait son linceul. Quand elle disparait au printemps 2013, ses parents ne croient pas une seconde à la fugue. Leur fille avait bien trop de rêves, de projets pour tout quitter du jour au lendemain.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.

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Transcription
00:0114h15, c'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
00:07Dans les Ardennes, une enquête est ouverte après la disparition d'une jeune femme de 21 ans.
00:11Sa voiture a été retrouvée en Belgique, tout près de la frontière, totalement calcinée.
00:16Anaïs est partie depuis mardi dernier, sans affaires personnelles, sans papier et sans moyens de paiement.
00:22Bonjour, Anaïs Guillaume, 21 ans, amoureuse des chevaux et de la vie au grand air.
00:28Ne se doutait pas qu'en poussant la porte d'une ferme des Ardennes, celle-ci allait se refermer à tout jamais sur elle
00:35et que cet horizon entre la France et la Belgique serait son linceul.
00:40Quand elle disparaît au printemps 2013, ses parents ne croient pas une seconde à la fugue.
00:45Leur fille avait bien trop de rêves, de projets pour tout quitter du jour au lendemain.
00:50Les gendarmes vont partager la conviction de la famille Guillaume.
00:54Pendant trois ans, ils ne vont cesser de tourner autour du seul suspect, l'éleveur de bovins Philippe Gillet,
01:01employeur et amant de sa stagiaire.
01:04Les enquêteurs vont démasquer un homme violent et menaçant avec les femmes, menteur, manipulateur, jaloux.
01:10On va même le soupçonner d'avoir tué son épouse dans un faux accident.
01:14Où est la jeune employée ? Va-t-on parvenir à la retrouver ?
01:18Question posée aux invités de l'heure du crime.
01:20La seule émission radio 100% fait d'hiver.
01:23Anaïs Guillaume, la disparue des Ardennes, c'est tout de suite sur RTL.
01:32Vendredi 19 avril 2013 au matin, Fabrice et Valérie Guillaume sont à la gendarmerie de Carignan,
01:40un village des Ardennes à une vingtaine de kilomètres de Sedan.
01:43Ils viennent signaler la disparition de leur fille, Anaïs, 21 ans.
01:47Cela fait deux jours et trois nuits qu'elle n'a pas donné de nouvelles.
01:51Ça ne lui ressemble vraiment pas.
01:54Elle a beau être majeure, elle vit toujours chez eux, dans le bourg voisin de Blany.
01:58Il lui arrive de découcher, mais elle prévient toujours.
02:01La dernière fois qu'ils l'ont vue, c'était le mardi 16.
02:04Dans l'après-midi, elle est partie à un rendez-vous à l'hôpital de Sedan, car elle avait récemment subi une IVG.
02:10Elle a ensuite passé la soirée chez des amis avec le dénommé Philippe Gillet, un éleveur du coin qui tient une grosse exploitation de vaches laitières à Fromy.
02:21Gillet emploie leur fille, mais ce veuf de 40 ans est aussi son amant.
02:26Une situation que les parents déplorent.
02:29La nuit du 16 au 17, Anaïs l'a passé chez lui.
02:32Selon le fermier, elle est partie au petit matin.
02:35Sans prévenir, il dormait.
02:37Elle n'a pas laissé de message.
02:39Anaïs est décrite comme blonde, 1m69 pour 64 kg.
02:44Le soir du 16, elle portait un jean, un polo manche longue, un blouson à petits carreaux.
02:50Samedi 20 avril, lendemain du signalement de la disparition,
02:54un véhicule totalement calciné est découvert dans la forêt de Chemeleux, côté belge, tout près de la frontière.
03:01Il s'agit d'une Toyota Starlet, identique à celle d'Anaïs Guillaume, son père.
03:06Venu sur place, reconnaît dans la carcasse des objets qui appartiennent à sa fille.
03:11La voiture est bien la sienne, même si le siège conducteur est trop reculé pour la conductrice.
03:17Aucune trace d'Anaïs.
03:18Le lendemain, le fermier Philippe Gillet, dernière personne à avoir vu vivante la jeune femme,
03:23est entendue comme témoin à la gendarmerie.
03:26Grand, costaud, sûr de lui, Gillet indique qu'Anaïs travaille à la ferme depuis 2 ans.
03:31Après la mort de son épouse en 2012, morte, écrasée par une vache, ils sont devenus amants.
03:37Ils qualifient leur relation de sulfureuse, qui fait jaser.
03:41Le 16, dans l'après-midi, elle était bien avec lui pour labourer un champ.
03:46Ils sont passés chez des amis, puis ils sont rentrés.
03:49Ils ont eu une relation sexuelle.
03:51A 4h31, il a ouvert l'œil et vu qu'Anaïs n'était plus là, tout comme la voiture.
03:58Il lui a envoyé tout de suite un premier texto, resté sans réponse, malgré l'accusé de réception.
04:04Pas d'accusé de réception, en revanche, pour le deuxième texto, adressé à 4h50.
04:10L'adjudant-chef Didier Turc a des doutes sur le scénario avancé par Philippe Gillet.
04:15Les ratissages de sa propriété avec un hélicoptère équipé d'une caméra technique et un géoradar,
04:21les sondages de deux bassins de décantation et d'un tas de fumier, ne donnent rien.
04:26Les gendarmes découvrent que la relation entre Anaïs Guillaume et son employeur et amant était conflictuelle.
04:33Un an avant la disparition, elle a porté plainte contre lui pour violence.
04:37Il l'avait frappé, jeté au sol, à moitié assommé et aspergé d'eau glacée.
04:42La plainte avait été classée.
04:44Des témoignages troublants parviennent alors aux enquêteurs.
04:47A une connaissance, Gillet a un jour confié.
04:50Là où elle est partie, on ne la retrouvera jamais.
04:53Plusieurs femmes affirment que le fermier est violent.
04:56Anaïs portait parfois des traces de coups sur le visage.
04:59Elle voulait le quitter, mais lui ne voulait pas, dit une femme.
05:02Les enquêteurs découvrent encore qu'il y a 20 ans, Gillet a tenté d'escroquer l'assurance en incendiant sa voiture.
05:09L'auto avait été retrouvée en Belgique au même endroit que celle d'Anaïs.
05:16Et autant de détails qui s'accumulent autour de l'agriculteur et leveur Philippe Gillet.
05:21Des accusations, des faits troublants, mais pas de preuves pour l'instant qui puissent l'incriminer.
05:26Et surtout pas de traces du corps d'Anaïs Guillaume, même si à ce stade, Gillet est bel et bien le suspect numéro 1.
05:32A vrai dire, c'est la dernière personne à avoir vu la victime vivante.
05:36Donc évidemment, on va s'intéresser en priorité à lui et son profil ne va cesser de surprendre.
05:41On va le voir dans la suite de l'heure du crime.
05:44Bonjour Mathieu Livorey.
05:45Bonjour.
05:46Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'heure du crime.
05:49Vous êtes rédacteur en chef adjoint à France 3, Lorraine, Champagne, Ardennes.
05:54Et vous êtes auteur de ce livre, La disparue des Ardennes, publié aux éditions Grasset.
05:59Vous avez fait une enquête gigantesque sur cette histoire.
06:04Effectivement, moi j'ai appris plein de choses.
06:06On sait tout exactement ce qui s'est passé, presque minute par minute.
06:10C'est un travail remarquable.
06:11Et si on s'intéresse aux faits divers et si on s'intéresse à cette histoire,
06:14La disparue des Ardennes, avec Anaïs qui n'est plus là,
06:19eh bien il faut absolument lire ce livre.
06:21Le livre de Mathieu Livorey est édité chez Grasset.
06:25Mathieu Livorey, première question.
06:28Il y a dans le champ des enquêteurs et dans le champ de cette histoire,
06:32tout de suite il apparaît Philippe Gillet.
06:34C'est normal, il est l'employeur d'Anaïs, il est son amant aussi
06:38et la dernière personne à l'avoir vue vivante.
06:41Tout de suite, les parents, ils ont des doutes sur ce personnage.
06:44Absolument, ils connaissent suffisamment bien leur fille pour estimer que
06:49si quelqu'un a pu lui causer du tort, c'est Philippe Gillet,
06:53notamment parce qu'il l'a déjà fait.
06:55Comme vous l'avez rappelé, il avait déjà eu une plainte de déposé
06:57près d'un an avant sa disparition.
07:00Et cette plainte avait été classée par les gendarmes.
07:05Donc effectivement, assez vite, aux yeux de la famille Guillaume,
07:08Philippe Gillet est dans le collimateur.
07:10Un mot sur ce personnage qui apparaît tout de suite, encore une fois,
07:12dans le champ de l'enquête.
07:15On dit beaucoup de choses de lui.
07:17Il est assez solitaire, c'est un veuf, il est plutôt violent, c'est ça ?
07:21Alors évidemment, j'imagine que c'est assez fréquent dans ce genre de configuration,
07:24mais quand il y a une disparition, il y a beaucoup d'échos divers et variés,
07:30de rumeurs parfois infondées.
07:32Mais effectivement, tous les échos qui évoquent Philippe Gillet
07:37se révèlent relativement négatifs, voire franchement négatifs à son égard.
07:41Il est question effectivement d'un homme qui a le verbe haut
07:44et qui hausse la voix pour se faire entendre,
07:47y compris qu'il peut lever la main si vraiment ça ne suffit pas.
07:49Un mot sur la ferme de Philippe Gillet.
07:52C'est une grande exploitation.
07:53Je crois qu'il a beaucoup de vaches laitières.
07:56C'est un périmètre assez vaste.
07:58Oui, c'est une ferme qu'il a reprise de ses parents
08:01et qu'il a fait prospérer et agrandir
08:03et qui est une source de fierté bien légitime pour lui, effectivement.
08:08Bonjour Didier Turc.
08:09Bonjour.
08:09Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui également dans le studio de l'ordre du crime.
08:14Vous êtes gendarme, ancien directeur d'enquête à la section de recherche de Reims
08:18et c'est vous qui avez supervisé, tout au moins dans les premières années,
08:21cette enquête Anaïs Guillaume qui vous a pris beaucoup de temps et beaucoup d'énergie
08:28et vous l'avez vécu, vous, dans votre cher, vous allez nous raconter pourquoi.
08:32Didier Turc, votre première confrontation, entre guillemets, avec Philippe Gillet.
08:39Vous pensez à quoi en écoutant cet homme ?
08:42Au début, il est entendu comme témoin, c'est ça ?
08:44Il est dans le champ de vos investigations, mais sans plus.
08:47Oui, au début, c'est la dernière personne à avoir vu Anaïs Guillaume,
08:51donc on s'intéresse à lui, effectivement, mais dans un premier temps,
08:54plus pour qu'il nous donne des informations sur les derniers moments d'Anaïs Guillaume,
08:59afin de pouvoir organiser les recherches opérationnelles.
09:02Sauf que très vite, pendant l'audition, je vais commencer à avoir des doutes,
09:07notamment lorsque je vais inspecter son portable.
09:10Ah oui, c'est ça. Tout de suite, vous vous dites qu'il y a un truc qui ne va pas.
09:11En fait, je m'aperçois que son portable émet deux appels à 4h18 et à 4h20 du matin.
09:17Des textos, les fameux textos.
09:19Non, des appels.
09:19Des appels, d'accord.
09:20Ce sont des appels à destination du portable de son ex, de sa femme décédée, pardon,
09:26à 4h18 et à 4h20 du matin.
09:28Et il n'a aucune explication sur ces deux appels-là, c'est-à-dire 10 minutes avant la disparition.
09:34Il appelle le portable de son épouse qui est décédée ?
09:37Oui, oui, c'est ça.
09:38C'est pour le moins troublant.
09:39C'est troublant, il n'a aucune explication, il ne comprend pas ces appels.
09:44Dans l'immédiat, je laisse l'information, je la prends et je sais que ces éléments-là ne vont pas disparaître.
09:50Et donc, j'ai autre chose à faire pour le moment parce qu'il y a des recherches à effectuer.
09:55Mais ça pose question, ces deux appels-là.
09:58Mais tout de suite, est-ce que vous pensez au pire dans cette histoire ?
10:02Alors, les parents, vous les croyez, vous les avez reçus.
10:05Vous allez d'ailleurs beaucoup les suivre au cours de Sainte-Croquette et les épauler, il faut bien le dire.
10:09Vous avez fait un travail de longue haleine là-dessus.
10:12Mais tout de suite, vous vous dites, il y a un truc qui ne va pas, c'est inquiétant ?
10:16Mais ce qui rend les choses d'autant plus inquiétantes, c'est la découverte du véhicule calciné dans les bois de Chameleu en Belgique.
10:22On a enquêté sur plusieurs pistes la disparition de l'enterre, le suicide.
10:29Mais les suicides, on leur a retrouvé le corps d'Analise Guillaume aussi dans sa voiture.
10:33Donc effectivement, dès qu'on a la découverte du véhicule et les constatations sur ce véhicule-là vont apporter quand même quelques éléments.
10:40Oui, bien sûr, tout de suite, on pense au pire.
10:43Mathieu Livoreille, pour votre livre La disparue des Ardennes, vous avez évidemment rencontré la famille Guillaume, qui est toujours marquée par cette histoire.
10:51On le saurait à moins, évidemment.
10:53Présentez-nous Anaïs Guillaume.
10:55Anaïs Guillaume, de ce que j'ai pu en percevoir, était une jeune femme semblable à beaucoup d'autres,
11:05qui avait des passions, qui écoutait des musiques avec certaines chansons d'amour, qui avait des amis.
11:14Il y avait l'avenir devant elle.
11:15Qui aimaient bien faire la fête, rigoler.
11:18Et si elle s'est retrouvée dans cette ferme, c'est qu'elle adore les chevaux et la nature.
11:21Exactement.
11:22Voilà, comme elle a grandi dans ce coin des Ardennes qui est extrêmement rural.
11:27Dès son plus jeune âge, elle se passionne pour l'équitation et elle rêve d'en faire son métier.
11:30Et elle a tout l'air d'une jeune femme épanouie.
11:34Et elle va se retrouver dans cette ferme.
11:36Elle va se retrouver dans cette ferme.
11:37Tout à fait.
11:37Dans un but professionnel.
11:39Voilà, le professionnel et l'homme qui l'emploie va devenir son amant.
11:43La maîtresse est introuvable.
11:45Et il y a aussi cet étrange accident qui a coûté la vie à l'épouse du fermier.
11:52Anaïs Guillaume, la disparue des Ardennes.
11:54Pour moi, elle est toujours en vie.
11:55Elle a peut-être foutu le camp au bout de la terre.
11:59L'enquête de l'heure du crime.
12:00On se retrouve dans un instant sur RTL.
12:0314h15, c'est l'heure du crime sur RTL.
12:06Avec Jean-Alphonse Richard.
12:1114h15, Jean-Alphonse Richard sur RTL.
12:15L'heure du crime.
12:17Au programme aujourd'hui de l'heure du crime, la disparition et la mort d'Anaïs Guillaume, 21 ans, employée dans une ferme dans les Ardennes.
12:23Au printemps 2013, plus aucune nouvelle d'elle.
12:27Le fermier Philippe Gillet, amant et patron de la disparue, fait figure de suspect.
12:32Il va être interpellé.
12:33Mardi 31 mars 2015, deux ans après la disparition d'Anaïs Guillaume.
12:39L'adjudant-chef Didier Turc et les enquêteurs sont à Fromy, à la ferme de Philippe Gillet.
12:45Le temps est mauvais.
12:46Les enquêteurs sondent à nouveau un énorme tas de fumier.
12:49Aucune trace de la jeune femme.
12:51Dans la foulée, Gillet est placé en garde à vue pour enlèvement et séquestration.
12:56Il est séquestration arbitraire.
13:01Le fermier assure qu'il n'a rien fait.
13:03Il évite de trop parler.
13:05A la quatrième audition, il lâche, pour moi.
13:08Elle est toujours en vie.
13:09Elle a peut-être foutu le camp au bout de la terre.
13:12Il raconte qu'Anaïs n'allait pas bien depuis son avortement.
13:16Philippe Gillet est longuement questionné sur les expertises téléphoniques.
13:20L'appareil d'Anaïs aurait été manipulé pour faire croire qu'elle répondait au message.
13:25On le questionne aussi sur l'achat de deux sacs de chaux au moment de la disparition.
13:30C'est pour mettre sur la pelouse, répond-il.
13:3247 heures de garde à vue.
13:34Malgré d'épées et soupçons, Gillet est relâché.
13:39Jeudi 14 janvier 2016, dix mois après sa garde à vue,
13:42Philippe Gillet est rattrapé par un juge de Reims.
13:45Ce dernier est convaincu que le fermier a fait disparaître Anaïs Guillaume Gillet.
13:50Et mis un examen pour meurtre, il garde le silence.
13:52Puis explique qu'il est victime d'un complot.
13:55Il dément avoir tué la jeune femme, le juge.
13:58S'intéresse alors à la mort accidentelle de Céline Gillet, l'épouse du suspect et mère de leurs deux filles.
14:07Elle est décédée en janvier 2012 à l'âge de 34 ans, morte écrasée par une vache.
14:12Gillet n'avait pas pu dégager l'animal.
14:15Deux experts, un médecin, un vétérinaire sont désignés pour réexaminer le dossier.
14:20Ils estiment que la mort de l'épouse n'a pas pu être causée par la chute de l'animal.
14:26Philippe Gillet nie.
14:28Juin 2017, il est également mis un examen pour ce meurtre.
14:31Il est renvoyé aux assises pour les morts d'Anaïs Guillaume et Céline Gillet.
14:36Lundi 25 mars 2019, 6 ans après la mort d'Anaïs Guillaume, Philippe Gillet, 46 ans, crâne rasé, silhouette massive, apparaît dans le box de la cour d'assises des Ardennes, à Charleville-Mézières.
14:48Il gagne ici son surnom, le taureau des Ardennes.
14:52Interrogé pendant 4 heures, il ne bronche pas, imperturbable.
14:56Il a réponse à tout.
14:56Selon lui, Anaïs est arrivé à la ferme après la mort de son épouse.
15:01C'était de la consolation, il l'aimait bien, dit-il.
15:04Il ajoute, s'il faut le hurler, je vais le hurler.
15:07Je n'ai pas pu lui faire du mal.
15:09L'adjudant chef turc est questionné sur la disparition d'Anaïs.
15:13On pense qu'elle a été étranglée.
15:15Gillet utilisait cette pratique sexuelle particulière avec ses partenaires, répond-il.
15:20Philippe Gillet ne bronche pas, l'avocat général demande 30 ans de prison.
15:40Après 8 jours de procès, Philippe Gillet écope de 22 ans de réclusion pour le meurtre d'Anaïs Guillaume.
15:46Il est acquitté pour la mort de son épouse, Céline.
15:50Verdict qui va d'ailleurs être cassé pour vice de forme.
15:53Il y aura, quand il arrive, un nouveau procès.
15:55Mais avant cela, on va trouver un corps.
15:58Et là, ça va être un coup de théâtre tout à fait spectaculaire
16:02qui va tout changer dans cette enquête.
16:05On va retrouver ce corps au terme d'un rocambolesque scénario.
16:08Mais ça, on va en parler dans le prochain chapitre de l'heure du crime.
16:12Avant d'évoquer le verdict de ce procès, Philippe Gillet est condamné.
16:17Il y a eu ces 47 heures de garde à vue.
16:20Didier Turc, vous êtes avec nous dans cette heure du crime,
16:23ancien directeur d'enquête à la section de recherche de Reims.
16:25Et c'est vous qui, à l'époque, pilotez cette affaire.
16:29Je dis bien 47 heures de garde à vue.
16:31Évidemment, nos auditeurs savent très bien, qui écoutent l'heure du crime,
16:34qu'une garde à vue, c'est 48 heures.
16:3747 heures, il n'a pas bronché.
16:38Et il repart comme ça.
16:39Qu'est-ce qui s'est passé, Didier Turc, pour expliquer que vous êtes obligé de le laisser aller ?
16:45Tout simplement, les éléments qu'on avait présentés au tribunal, aux magistrats,
16:56ont été estimés insuffisants.
16:57Notamment, l'absence de réponse de Philippe Gillet,
17:01qui, à chaque fois, face aux éléments affirmés,
17:04je ne suis pas au courant, ce n'est pas moi,
17:06ou c'est l'analyse qui est partie,
17:09je ne sais pas ce qui s'est passé.
17:11On a fait le choix, nous, d'aller jusqu'au bout du terme de la garde à vue,
17:15parce que ça faisait quelques années, maintenant, que le dossier était en cours,
17:19et on se doutait bien qu'on n'aurait pas plus d'éléments.
17:23Donc, on a fait le choix d'aller jusqu'à 47 heures.
17:26Mais effectivement, jusqu'au bout, il ne va rien dire,
17:28et face au manque d'éléments, en fait, et d'explications,
17:31le magistrat va décider de le relâcher.
17:33C'est du gradit, cet homme.
17:35On a l'impression qu'il n'y a pas de friabilité chez lui.
17:38Vous êtes des enquêteurs expérimentés.
17:41Vous avez cet homme, vous le voyez évoluer.
17:44D'autre plus que la garde à vue,
17:46elle a été dirigée également en compagnie
17:49d'une analyse comportementale du département des sciences de comportement.
17:53Est-ce qu'on voulait mettre tous les atouts de notre côté pour s'interroger ?
17:56Mais ça n'a pas suffi, en fait.
17:59C'est quelqu'un qui se bloque.
18:02Lorsqu'il est coincé sur une question,
18:04sa réponse est « je ne sais pas ».
18:06En fait, c'est à nous trouver.
18:07Ce n'est pas à nous dire ce qui s'est passé.
18:09Un mot sur les recherches qui ont été très nombreuses dans cette ferme,
18:12qui est très vaste.
18:13Je l'ai dit, c'est important de signaler.
18:15Ce n'est pas une toute petite ferme coincée.
18:17C'était compliqué, ces recherches ?
18:19Parce que le périmètre, justement, est très étendu.
18:21C'était compliqué, effectivement,
18:23parce qu'il y a même deux fermes, en fait,
18:27qui au total, ça fait 150 hectares.
18:28Et on se trouve en forêt des Ardennes.
18:32Donc, les recherches,
18:34elles ont été étendues jusqu'aux forêts,
18:35jusqu'au plan d'eau,
18:38jusqu'à sa ferme,
18:39avec des moyens conséquents.
18:42L'hélicoptère, les géoradars,
18:43enfin, tous les moyens qui étaient possibles d'utiliser
18:45et qui étaient mis à notre disposition.
18:48Mais ça n'a pas suffi.
18:52Ça n'a pas suffi, non.
18:52Ça n'a pas suffi,
18:53c'est qu'effectivement,
18:54la technologie ne résout pas tous les problèmes.
18:56Ça serait bien trop simple,
18:57si, évidemment, un simple géoradar...
18:58Ça serait trop simple.
18:59Voilà, on arrivait à localiser tout de suite un corps.
19:02Mathieu Livorey, vous êtes avec nous,
19:03dans l'heure du crime,
19:04rédacteur en chef adjoint à France 3,
19:06Lorraine Champagne-Ardennes.
19:07Vous avez beaucoup enquêté, à l'époque,
19:09des faits sur cette affaire.
19:11Et puis, vous êtes l'auteur du livre
19:12La disparue des Ardennes,
19:13qui est publié aux éditions Grasset
19:14et qui raconte toute cette histoire.
19:16Mathieu Livorey, on avance d'un pas,
19:18parce qu'on voit que cet homme,
19:19il ne bouge pas, il ne change pas.
19:21C'est un roc, nous dit Didier Turc,
19:23il n'y a pas moyen d'en tirer quoi que ce soit.
19:25On avance au procès.
19:27Évidemment, ce procès, vous y êtes.
19:30Et puis, il y a cet homme qui apparaît dans le boxe.
19:32Quel est votre sentiment
19:33et quelle est votre sensation en ce moment-là ?
19:35Le taureau des Ardennes,
19:36c'est comme ça qu'on le surnomme.
19:39Philippe Gillet, c'est quelqu'un qui impressionne,
19:41qui est très costaud,
19:43qui a une grosse carrure.
19:44En plus, pour ce procès,
19:46il avait voulu, entre guillemets,
19:48se présenter sous son meilleur jour
19:49et avait eu l'idée de se raser le crâne,
19:51ce qui avait pour effet de le rendre encore plus impressionnant,
19:54au grand désespoir de son avocat.
19:56Mais, voilà, c'est quelqu'un qui,
19:59comme vous l'avez dit,
20:01je me rappelle d'une formule d'un expert psychologue,
20:04c'est une goutte d'huile qui glisse sur du marbre.
20:06C'est quelqu'un qui ne bronche pas,
20:07qui va prendre des rafales de questions
20:09pendant plusieurs heures
20:10et qui ne lâche rien.
20:13Lorsqu'on l'interroge,
20:14il y a aussi la famille, Guillaume, qui est là.
20:17Ils sont présents,
20:18ils attendent des réponses.
20:19Ils sont venus en nombre,
20:20il y a tout le monde.
20:21Est-ce qu'ils les regardent ?
20:23Comment ça se passe,
20:23ce jeu entre la famille et Philippe Gillet ?
20:26Moi, ce qui m'avait marqué lors des procès,
20:30et notamment lors de ce premier procès,
20:31c'est qu'il n'y avait eu aucun mot d'empathie.
20:34Compassion.
20:34Voilà, de compassion, d'empathie
20:35de la part de Philippe Gillet
20:36à l'égard de la famille Guillaume.
20:39Ça s'entend souvent,
20:40même pour des gens qui clament leur innocence.
20:43Et là, ce n'était pas le cas.
20:44C'était plutôt des propos dégradants
20:46qui étaient tenus de sa part
20:49à l'encontre d'Anaïs Guillaume.
20:52Cette famille Guillaume,
20:54à l'époque du premier procès,
20:55déjà, elle ne croit plus une seconde
20:57qu'elle va retrouver Anaïs en vie.
20:59Elle veut juste avoir roué le corps
20:59pour pouvoir l'enterrer
21:01et faire leur deuil.
21:02Mais voilà, c'était leur seule quête
21:04et elle est choulure de ce procès.
21:05Un mot, Didier Turc,
21:06sur l'autre incrimination
21:08qui vise cet homme.
21:10Vous allez dire,
21:11il est possible qu'il ait tué son épouse
21:14avec ce faux accident
21:16d'une vache qui serait tombée sur lui.
21:18En tout cas, c'est les conclusions
21:19qu'en tire le juge
21:21qui va demander des expertises.
21:22Ça change l'affaire là
21:25avec Philippe Guillaume ?
21:27On s'aperçoit que c'était
21:28un homme suffisamment violent
21:29avec les femmes
21:30pour peut-être les tuer comme ça ?
21:33En fait, je m'intéresse
21:34à ce dossier
21:35parce que je cherche un mobile
21:36du meurtre d'Anaïs Guillaume.
21:40J'avais reçu un témoignage
21:42qui disait qu'elle s'était vantée
21:44de savoir ce qui s'était passé
21:45et qu'elle tenait,
21:46pour reprendre ses termes,
21:47gilet par les couilles
21:48sur cette affaire-là.
21:49C'est Anaïs qui aurait su
21:52cette histoire, c'est ça ?
21:54Ce serait confié auprès d'une amie
21:56en disant qu'elle était au courant
21:59de cet événement.
22:05Donc ça intéresse ensuite
22:06le magistrat
22:07qui un jour va supplétiver
22:11le dossier.
22:14Il faut creuser ce dossier,
22:17c'est ça ce que veut dire le magistrat ?
22:18Le problème de ce dossier-là,
22:20c'est que moi j'interviens
22:21très longtemps plus tard
22:23et il ne reste plus rien
22:25dans le dossier en fait.
22:26Les investigations
22:27qui ont été faites au début
22:28n'étaient pas complètes.
22:31Donc ce dossier ne tient
22:32que par les témoignages
22:33ou les difficultés.
22:36Trop fragile.
22:36Trop fragile.
22:37Trop fragile.
22:38Six mois après le verdict,
22:39un corbeau va dire
22:40où est la jeune femme ?
22:43Anaïs Guillaume l'a disparu
22:44des Ardennes.
22:45Si vous la trouvez,
22:46ça ne veut pas dire
22:47que c'est moi
22:48qui l'ai mise là.
22:49L'enquête de l'heure du crime
22:50a un corps qui réapparaît
22:51juste après la condamnation
22:53mais que cache donc
22:54ce coup de théâtre à suivre
22:55dans un court instant sur RTL.
22:5914h15, c'est l'heure du crime
23:01sur RTL.
23:03L'heure du crime,
23:04présentée par Jean-Alphonse Richard
23:06sur RTL.
23:07Il a réponse à tout
23:08et là on perd totalement espoir
23:12et il a retrouvé Anaïs.
23:14On pensait que l'enquête
23:15était terminée
23:17et qu'il aurait pu avancer.
23:20Retour aujourd'hui
23:21dans l'heure du crime
23:22sur la disparition
23:22et la mort en 2013
23:24d'Anaïs Guillaume,
23:2521 ans,
23:26employée dans une ferme
23:27des Ardennes,
23:28corps jamais retrouvée.
23:30Six ans après les faits,
23:31le fermier Philippe Gillet
23:33est condamné
23:33mais six mois
23:34après le verdict,
23:36le coup de théâtre.
23:37Lundi 28 octobre 2019,
23:40Victoria,
23:4119 ans,
23:42l'une des deux filles
23:43de Philippe Gillet,
23:44fait retourner
23:45le grand tas de fumiers
23:46de la ferme familiale.
23:48Les filles s'occupent
23:49du domaine
23:49alors que leur père
23:50est en prison.
23:51Les mouvements de l'engin
23:52font apparaître un os.
23:54Les gendarmes sont alertés,
23:56un anthropologue
23:57et un odontologue
23:58sont sur place.
23:59L'os retrouvé
24:00est d'origine humaine.
24:01C'est un péronné.
24:03La poursuite des fouilles
24:04met à jour un squelette
24:05en position allongée.
24:08Les restes reposent
24:08dans une gangue compacte
24:10de chaux-vives.
24:11Aucun bijou
24:12ou vêtements retrouvés.
24:13Deux jours plus tard,
24:15le squelette est identifié
24:16comme étant celui
24:17d'Anaïs Guillaume,
24:18disparu six ans et demi
24:20auparavant.
24:21Le gendarme Didier Turc,
24:22qui est en train
24:22de changer d'affectation,
24:24demande l'autorisation
24:25d'appeler lui-même
24:26les parents de l'ex-disparu.
24:28Il leur avait promis
24:29de tout faire
24:29pour retrouver leur fille.
24:31Le gendarme est soulagé
24:32et amer.
24:33Le tas de fumier
24:34avait en effet
24:35été déjà inspecté
24:37devant le monticule.
24:39Philippe Gillet
24:39lui avait même dit
24:40« De toute façon,
24:41si vous la trouvez ici,
24:43ça ne veut pas dire
24:44que c'est moi
24:44qui l'ai mise là. »
24:47Aux enquêteurs,
24:47Victoria explique
24:48avoir mené ces fouilles
24:49après avoir reçu
24:50une lettre anonyme
24:51qui désignait
24:52le tas de fumier.
24:53Elle finit par reconnaître
24:54avoir elle-même écrit
24:55et posté cette lettre
24:57à la demande de son père.
24:59Ce dernier lui avait remis
25:00un brouillon
25:00rédigé en cellule.
25:02Gillet
25:03aurait-il voulu
25:04soulager sa conscience ?
25:06Pas vraiment.
25:07À son avocat,
25:08il avait demandé
25:09quelques semaines auparavant
25:10« Mais qu'est-ce
25:11qui pourrait encore
25:12faire bouger les choses ? »
25:14« Qu'on retrouve
25:14Anaïs Guillaume ? »
25:15lui avait répondu
25:16« Maître Gislin Fais ».
25:18Philippe Gillet
25:19aurait donc tenté
25:20un coup de poker
25:21en faisant réapparaître
25:23le corps,
25:23opération maladroite
25:24qui se retourne
25:25désormais contre lui
25:26et semble signer
25:28son crime.
25:30Mathieu Livorey,
25:31vous êtes avec nous
25:32dans l'heure du crime,
25:32journaliste,
25:33auteur du livre
25:34« La disparue des Ardennes »
25:35publié aux éditions
25:37Grasset
25:38qui raconte
25:38évidemment
25:39toute cette histoire.
25:41Anaïs Guillaume,
25:43qu'est-ce qu'il lui a pris
25:43à Philippe Gillet ?
25:46Parce que moi,
25:46j'avoue que là,
25:46on tombe de l'armoire.
25:47Qu'est-ce qu'il lui a pris
25:48de faire écrire
25:50cette lettre
25:51en pas s'auto-accusant
25:52mais en disant
25:53où est le corps
25:53qu'on va retrouver
25:54d'ailleurs
25:54dans ce tas de fumier ?
25:56Parce que là,
25:56il signe totalement
25:57son geste.
25:59Alors lui,
25:59il y a sûrement
26:00une appréciation,
26:01une ambition différente
26:02en envoyant ses...
26:03Laquelle ?
26:03Avec ses courrives
26:04de l'hymne,
26:05tenter de s'innocenter
26:06en montrant
26:07qu'il était plus intelligent
26:08que tout le monde.
26:10Une fois de plus,
26:11il y a une problématique
26:12d'ego,
26:12je crois,
26:13chez ce monsieur.
26:14Quand il envoie
26:15cette lettre,
26:16effectivement avec du recul,
26:16on se dit
26:17mais c'est tellement insensé
26:18qu'on peine à l'expliquer
26:19comme vous dites
26:19on tombe tous de l'armoire
26:20quand on...
26:21C'est-à-dire,
26:22si je résume,
26:23il fait croire
26:24en faisant poster
26:25cette lettre
26:25que c'est quelqu'un d'autre
26:27qui aurait commis ce crime
26:28et que ce quelqu'un d'autre
26:30qui a écrit cette lettre
26:31fatalement,
26:32c'est lui
26:33qu'il faut rechercher.
26:34Exactement.
26:35En fait,
26:35cette lettre,
26:36pour rentrer un tout petit peu
26:37dans le détail de la lettre,
26:38dit
26:39Anaïs Guillaume
26:41est à tel endroit
26:43depuis 2016.
26:44Or, lui,
26:44à cette époque-là,
26:45il est déjà en détention provisoire
26:46donc implicitement,
26:48ça ne peut pas être
26:48Philippe Gillet.
26:49Donc en gros,
26:50les vrais coupables
26:50pour toujours,
26:51réveillez-vous.
26:51Et évidemment,
26:53voilà,
26:54après,
26:54comme vous l'avez dit,
26:55il y a toute une manipulation
26:56intrafamiliale
26:57qui est assez révoltante.
27:00Oui,
27:00il a utilisé sa fille,
27:02etc.
27:02Il lui en voudra beaucoup
27:03d'ailleurs par la suite.
27:05Donc effectivement,
27:06là,
27:06c'est du Philippe Gillet
27:08dans le texte.
27:08On a parfois du mal
27:09à le suivre
27:10mais là,
27:10il s'est coincé
27:11tout seul
27:12dans cette histoire.
27:13Didier Turc,
27:14vous êtes ancien directeur
27:15d'enquête
27:15à la section
27:16de recherche de Reims
27:16et vous pilotiez
27:18à l'époque
27:19ces investigations.
27:20vous étiez sur le départ
27:22quand on trouve le corps.
27:23Effectivement,
27:24vous allez être prévenu.
27:25Quelle est votre réaction ?
27:27Parce que vous l'avez cherché
27:29ce corps pendant des années.
27:31J'ai deux réactions déjà.
27:32Quand on m'avise
27:33de la découverte du corps
27:35et notamment
27:35de l'existence
27:36de cette lettre,
27:37je demande
27:38à ce qu'on me la lise.
27:40Et tout de suite,
27:41je vais comprendre
27:41que c'est encore
27:42un coup monté.
27:42Un faux.
27:43tout de suite,
27:44je vais comprendre
27:44que c'est encore lui
27:45qui essaye encore
27:46de s'en sortir.
27:48Après l'histoire
27:49de la découverte,
27:52du lieu de découverte,
27:52c'est vrai que
27:53le corps d'analyse
27:54a été découvert
27:54dans un lieu
27:55qu'on avait déjà fouillé
27:56auparavant.
27:57Ce qu'il faut savoir,
27:58c'est que les fouilles
27:59avaient été faites
28:00dans des conditions
28:01climatiques exceptionnelles.
28:03L'anivers,
28:03c'est ça ?
28:04C'est surtout de la pluie
28:05qui nous a empêchés
28:06d'investiguer
28:07comme on voulait.
28:09Les moyens
28:10qu'on avait prévus
28:10n'étaient pas utilisables.
28:11Et puis,
28:12je n'avais pas
28:13une notion de distance.
28:14J'ai décidé
28:15d'arrêter à 16 mètres.
28:16Le corps d'analyse
28:16se trouve à 17 mètres.
28:18Vous l'avez raté
28:19de très peu.
28:19C'est ça.
28:21On avait en plus
28:22à l'issue
28:22de cette fouille-là,
28:23on avait prévu
28:25de le placer
28:25en garde à vue.
28:27J'ai décidé
28:27de poursuivre
28:28ce qu'on avait prévu.
28:30C'était un choix
28:30d'enquêteur.
28:32Vous avez la famille
28:33au téléphone
28:34parce que vous l'aviez promis.
28:35Il faut le raconter
28:35ça, Didier Thurk.
28:36C'est important.
28:38Vous l'aviez promis
28:38j'irai jusqu'au bout
28:40pour retrouver votre fille.
28:41Et là,
28:41vous mettez un point d'honneur.
28:42Vous dites
28:43c'est moi
28:43qui dois les appeler.
28:44Il me semblait
28:45qu'effectivement,
28:46c'était à moi
28:46d'annoncer à la famille
28:47le décès
28:49et puis la découverte
28:50du corps d'analyse Guillaume.
28:52J'allais régulièrement
28:53chez eux
28:54et je voyais
28:55leur détresse.
28:56Je voyais aussi
28:58parfois leur manque
28:58de confiance.
29:00Parce qu'on ne trouvait rien.
29:03J'avais estimé
29:04que c'était à moi
29:04d'annoncer les choses.
29:06Et là,
29:06vous avez...
29:08Je n'ai pas envie
29:08de dire en soulagement,
29:09mais du côté de la famille,
29:10il y a quand même
29:13un souffle nouveau.
29:14J'ai un soulagement
29:15parce que
29:16c'est ce qui nous manquait.
29:17En fait,
29:17c'était le corps
29:18d'analyse Guillaume.
29:21Le scénario,
29:22on l'avait plus ou moins.
29:23En tout cas,
29:24il y avait des éléments
29:25qui indiquaient
29:25que c'était
29:26Gilet-Philippe
29:27qui avait tué
29:28Analyse Guillaume.
29:29Il manquait le corps.
29:29Bien sûr.
29:30Il manquait le corps.
29:31Mathieu Livorey,
29:33évidemment,
29:33il y a une autopsie
29:34de ce corps
29:34qui va être lancée.
29:36Didier Turc
29:37avait dit au procès
29:38qu'elle avait probablement
29:39été étranglée.
29:40Est-ce qu'on sait
29:40de quoi et comment
29:41est morte
29:42Anaïs Guillaume ?
29:43Non,
29:44on l'ignore toujours
29:45et on risque
29:45de toujours l'ignorer.
29:47C'est un squelette
29:48qui a été retrouvé.
29:51Il n'y a eu
29:51aucune fracture
29:53relevée sur le squelette.
29:55Il y a eu,
29:55donc ça restait peut-être
29:56des théories
29:57de noyade,
29:58d'empoisonnement,
29:59mais au final,
30:02on ne sait rien
30:05des conditions
30:05de ces derniers instants.
30:07Et la famille,
30:08je vous repose la question,
30:10Mathieu Livorey
30:11que j'ai posé
30:11à Didier Turc,
30:13il y a un soulagement
30:14de retrouver
30:15pour la famille
30:16ce corps
30:16de toute manière,
30:17même si
30:17il ne se faisait
30:19plus d'illusions.
30:20Le soulagement
30:20est un mauvais terme,
30:21mal choisi,
30:22mais enfin,
30:23je n'en trouve pas d'autre.
30:24Un soulagement
30:24très douloureux,
30:25mais une sorte
30:26de soulagement quand même
30:27puisqu'effectivement,
30:28ils l'avaient déjà
30:29affirmé avant.
30:31Voilà ce qu'ils veulent,
30:32c'est ce qu'ils voulaient.
30:32À l'époque,
30:33c'était retrouver
30:34le corps de leur fille
30:34pour qu'elle puisse
30:35être enterrée
30:36au cimetière
30:38de leur village
30:38et qu'ils puissent
30:40aller se recueillir
30:41sur sa tombe.
30:41C'était leur
30:42dernière ambition.
30:44Philippe Gillet
30:45va être rejugé.
30:47Anaïs Guillaume
30:48l'a disparu
30:49des Ardennes
30:49juste après la disparition.
30:51Je me suis tout de suite dit
30:52que c'est lui
30:53qui l'avait tué.
30:54L'enquête de l'ordre du crime.
30:55On se retrouve dans un instant
30:56sur RTL.
30:58Jean-Alphonse Richard
30:59sur RTL.
31:00L'heure du crime
31:01jusqu'à 15h.
31:03L'heure du crime
31:04présentée par
31:05Jean-Alphonse Richard
31:06sur RTL.
31:08L'heure du crime
31:08consacrée aujourd'hui
31:09à la disparition
31:10et à la mort
31:10d'Anaïs Guillaume,
31:1121 ans,
31:12employée en 2013
31:13dans une ferme
31:14des Ardennes.
31:15Son corps retrouvé
31:16plus de 6 ans
31:17plus tard
31:17sous un tas
31:18de fumiers
31:19de l'exploitation.
31:20Printemps 2021,
31:21le fermier
31:22Philippe Gillet
31:22est rejugé
31:24en appel
31:24aux assises.
31:25Mardi 6 avril 2021,
31:28Philippe Gillet,
31:2848 ans,
31:30est devant
31:30la cour d'assises
31:31de la Marne
31:32à Reims,
31:33toujours aussi impassible.
31:34Le regard absent.
31:3660 témoins
31:36et experts
31:37sont attendus.
31:39Les gendarmes
31:39énumèrent
31:40les soupçons
31:41qui visent l'accusé.
31:42des textos
31:42qu'aurait rédigés
31:43Anaïs Guillaume
31:44mais qui comportent
31:45une faute d'orthographe
31:46que Gillet
31:46est seule à faire.
31:48Ou encore
31:48l'achat
31:49des sacs de chaux.
31:51Philippe Gillet
31:51proteste,
31:52il n'a jamais manipulé
31:53les téléphones.
31:54Sa fille Victoria,
31:5520 ans,
31:56qui a exhumé
31:57le corps d'Anaïs
31:58à la demande
31:59de son père,
31:59témoigne
32:00sans le regarder.
32:01Son père lui avait dit
32:02exactement
32:03où creuser.
32:04J'étais la petite fille
32:05qui aidait son papa.
32:07Il n'avait que moi,
32:08je n'avais que lui.
32:09Pour moi,
32:09il était innocent
32:10à 100%.
32:11Maintenant,
32:12je suis complètement perdu.
32:14Je veux avoir
32:15une vie saine,
32:16déclare la jeune femme
32:17affaiblie
32:18par une chimiothérapie.
32:21Jonathan Guillaume,
32:2233 ans,
32:22frère aîné d'Anaïs,
32:24vient témoigner.
32:25Juste après la disparition,
32:26je me suis tout de suite dit
32:28que c'était lui
32:28qui l'avait tué.
32:30J'ai fait une grosse déprime,
32:31je voulais le tuer
32:32mais je ne suis pas
32:33un meurtrier.
32:34Cette histoire
32:34m'a anéanti.
32:36Valérie Guillaume,
32:37la maman,
32:38indique pour sa part
32:39quand on nous a rendu Anaïs.
32:41On a vu un squelette,
32:42que des ossements.
32:43Je n'ai pas embrassé
32:44ma fille,
32:45j'ai embrassé son crâne.
32:47Philippe Gillet
32:48répète qu'il est innocent.
32:50Il est condamné
32:50à 30 ans de prison,
32:52assorti d'une peine
32:52de sûreté
32:53aux deux tiers.
32:54Son avocat,
32:55maître Gislin Fais,
32:56le dira sonné
32:57par ce verdict.
32:58La mère d'Anaïs
32:59va s'approcher
33:00du juge d'instruction
33:01et du gendarme
33:02Didier Turc
33:02en leur glissant
33:04ce mot.
33:05Merci
33:06pour Anaïs.
33:09Et voilà donc
33:10ce deuxième procès.
33:12Il est condamné,
33:1230 ans de prison,
33:14peine de sûreté
33:14aux deux tiers.
33:15Donc c'est une peine
33:15très lourde
33:16pour Philippe Gillet
33:18qui ne sort pas de prison
33:19et qui retourne en prison.
33:21Mathieu Livorey,
33:22vous êtes avec nous
33:23dans cette heure du crime.
33:24Journaliste,
33:25auteur du livre
33:25La disparue des Ardennes
33:27publié aux éditions Grasset.
33:29On peut tout comprendre
33:31cette affaire
33:31Anaïs Guillaume
33:33en lisant cet ouvrage.
33:35Mathieu Livorey,
33:36il est condamné,
33:37il n'a pas dit grand chose
33:38comme d'habitude
33:39mais ça on n'est plus
33:39du tout étonné
33:40par le personnage
33:41qui reste fidèle
33:43à son silence presque
33:46avec ce pacte du silence
33:47qu'il a fait.
33:49Quel serait le mobile ?
33:50Pourquoi est-ce qu'il a tué
33:51Anaïs Guillaume ?
33:52Après tout,
33:53elle était sa maîtresse,
33:54elle était là,
33:55elle travaillait avec lui,
33:57elle venait,
33:58elle était jeune,
33:59elle était jolie.
33:59Qu'est-ce qui s'est passé ?
34:00Ils ont eu
34:01une relation sentimentale,
34:03qui a duré un certain temps.
34:05Visiblement,
34:06l'enquête a montré
34:07que dans les dernières semaines
34:08et derniers mois,
34:10Anaïs s'éloignait de lui,
34:13Anaïs commençait à éprouver
34:15des sentiments
34:15pour un autre homme,
34:17un autre jeune homme.
34:21Et à mon humble avis,
34:22Philippe Gillet ne l'a pas supporté
34:23parce que Philippe Gillet
34:24fait partie de ces hommes
34:24qu'on ne peut pas quitter.
34:26Didier Thurk,
34:27vous êtes avec nous,
34:28c'est vous qui aviez piloté
34:29une grande partie
34:30de ces investigations,
34:31quasiment jusqu'à la découverte
34:33du corps d'Anaïs Guillaume,
34:35ancien directeur d'enquête
34:36à la section de recherche
34:36de Reims,
34:37gendarme.
34:38Donc, Didier Thurk,
34:40même question,
34:41quel est le mobile,
34:42selon vous ?
34:43Vous qui connaissez bien
34:43cet homme,
34:44vous l'avez interrogé
34:44à multiples reprises.
34:45Je rejoins effectivement
34:47ce qui vient d'être dit.
34:48Peut-être que je rajouterais
34:50qu'il était dangereux
34:52peut-être pour Gillet Philippe
34:54de laisser partir
34:55Anaïs Guillaume
34:56si, notamment,
34:58elle avait connaissance
34:59des circonstances
35:01du décès de Céline Gillet,
35:02sa femme.
35:02C'est ça,
35:03de l'épouse ?
35:04L'épouse, oui.
35:05Et ça,
35:05vous pensez que ça a joué
35:06dans le jugement fatal ?
35:09En tous les cas,
35:10si elle avait des éléments
35:11sur les circonstances
35:12de ce décès,
35:13c'était certain que...
35:14Il ne fallait pas qu'elle parle.
35:15Il ne fallait pas qu'elle parle,
35:15il ne fallait pas qu'elle s'en aille.
35:17Et, alors,
35:19Mathieu Livret,
35:20il dit,
35:20ce n'est pas un homme conquite,
35:21vous êtes d'accord avec ça ?
35:22Tout à fait d'accord,
35:23tout à fait d'accord.
35:24En tous les cas,
35:25ce n'est pas un homme conquite,
35:26ce n'est pas lui
35:26qui l'a décidé.
35:27Oui, c'est ça.
35:27C'est lui,
35:28il est maître à bord
35:29de son exploitation
35:30et avec les gens
35:32qu'il a sous sa coupe,
35:33c'est comme ça que ça marche.
35:34C'est lui qui décide.
35:35C'est ça, c'est ça.
35:36C'est ça.
35:37D'ailleurs,
35:37même en amitié,
35:39même en amitié,
35:39c'est-à-dire qu'une fois
35:40qu'il a profité
35:41de l'amitié de quelqu'un,
35:43il va s'en séparer.
35:44Mais, en tous les cas,
35:45c'est lui qui décide.
35:46Alors,
35:46à ce nouveau procès,
35:48Mathieu Livret,
35:49il y a un acquittement aussi,
35:51un nouveau,
35:51un nouvel acquittement
35:52pour l'histoire de l'épouse.
35:54Tout à fait.
35:54Gilet est acquitté
35:56une seconde fois
35:56pour la mort de son épouse,
35:58Céline Gilet,
35:59qui est donc décédée
36:0015 mois avant
36:01qu'Anaïs et Guillaume
36:03disparaissent.
36:04Donc,
36:05sur cet aspect-là
36:06du dossier.
36:06Sur ce volet-là,
36:07il est clos.
36:08Il est clos.
36:08Voilà.
36:09Le volet-là,
36:10il est clos.
36:10C'est à faveur,
36:10une nouvelle fois.
36:11Voilà.
36:11Et on ne peut pas lui reprocher
36:12quoi que ce soit dans cette affaire.
36:13Alors,
36:13encore un mot,
36:14Mathieu Livret sur ce procès,
36:17on a le sentiment
36:19que cet homme,
36:20il est écrasé l'accusé
36:22par les témoignages
36:23qui se succèdent.
36:24Et comme un bulldozer,
36:26les enquêteurs
36:27amènent leurs éléments,
36:28les témoins,
36:28y compris la fille,
36:29la fille de l'accusé
36:32qui la câble.
36:34Le procès en appel
36:35de mémoire dure trois semaines,
36:36ce qui est quand même
36:36extrêmement long.
36:38Oui,
36:38c'est très long.
36:39Et effectivement,
36:41il prend des rafales
36:44de questions
36:45et de circonstances
36:46qui la câblent
36:48chaque jour un peu plus.
36:49Mais pour autant,
36:50comme au premier procès,
36:52c'est quelqu'un
36:52sur qui tout semble
36:54à peu près glisser.
36:55La seule fois
36:56où il a marqué
36:57une émotion
36:57au cours de ces deux procès
36:59d'assises,
36:59c'est quand sa fille est née,
37:02qu'il avait donc
37:02missionné
37:04pour écrire
37:05cette lettre anonyme.
37:06Victoria.
37:07Victoria, exactement.
37:09Quand Victoria
37:09rentre dans la salle
37:10d'audience
37:11quand elle est amenée
37:12à déposer la barre
37:12et qu'elle rentre
37:13avec le crâne rasé
37:14visiblement
37:15à cause des effets
37:16de chimiothérapie,
37:18là, on voit
37:18Philippe Gillet
37:19s'écrouler dans son box,
37:20pleurer
37:21et demander
37:24à une suspension d'audience
37:25en quittant le box
37:25en disant
37:26laissez-moi quelques minutes
37:27là, c'est la seule fois
37:30où il a fondu l'armure
37:31en deux procès d'assises.
37:34Par contre,
37:35à aucun moment
37:36il y a des regrets,
37:37à aucun moment
37:38il y a des aveux d'ailleurs.
37:39Non, c'est ça.
37:39Il n'y a pas d'aveux.
37:41Désormais, il y a un corps
37:42mais il n'y a pas d'aveux.
37:43Exactement.
37:44Il n'a jamais avoué
37:46quoi que ce soit
37:47dans les circonstances
37:48de la mort d'Anaïs Guillaume
37:49et à ma connaissance
37:51c'est toujours le cas.
37:52Oui, tout à fait.
37:53Voilà, donc...
37:55Il y a toujours
37:55un complot.
37:56Un complot.
37:57Exactement.
37:58Je n'ai jamais vu
37:59un accusé
38:00avec une telle capacité
38:02de déni.
38:02Je pense que ça a marqué
38:05beaucoup de protagonistes
38:06de ce dossier.
38:07C'est quelqu'un
38:07qui pendant des heures
38:08et des heures
38:08est capable de vous répéter
38:10avec la même force.
38:11Je n'y comprends pas
38:12ce qui s'est passé.
38:13Vous avez raison
38:13d'employer le mot force
38:14parce que c'est une force
38:15lorsqu'on est accusé
38:16de tenir le choc
38:17comme ça,
38:18d'avoir une espèce
38:18de muraille.
38:19Alors ça existe
38:19mais c'est très rare.
38:20Il n'y a pas beaucoup
38:21de personnes
38:21qui peuvent assumer
38:23ce genre de choc.
38:24Didier Turc,
38:25la maman d'Anaïs,
38:28le verdict est tombé.
38:29Alors évidemment
38:30la famille
38:30elle est encore une fois
38:32non pas soulagée
38:33mais en tout cas satisfaite
38:34que la justice
38:35soit passée,
38:36enfin passée
38:36après toutes ces années.
38:38Elle va venir vous voir.
38:40Elle va vous dire
38:41merci pour elle,
38:42merci pour Anaïs.
38:42Je suppose que
38:43dans une vie
38:44de gendarme
38:45et d'enquêteur,
38:47là vous avez dit
38:48que j'ai servi
38:48à quelque chose.
38:49Tout à fait,
38:50d'ailleurs rien que
38:52de l'évoquer
38:52j'en ai encore
38:53des frissons
38:53mais ce que je retiens
38:56également
38:57c'est surtout
38:57les remerciements
38:58de madame Guillaume
39:00certes
39:01mais de ses fils
39:02en fait.
39:04Ce que je me souviens
39:04quand j'allais régulièrement
39:05chez eux
39:06j'ai l'impression
39:07que les frères
39:09d'Anaïs Guillaume
39:11n'avaient pas confiance
39:12en ce que je faisais
39:13n'avaient pas
39:13ne croyaient pas
39:15en fait
39:15en ce que je faisais
39:16et de les voir
39:18venir me saluer
39:19pour me remercier
39:20oui c'est vrai
39:21c'est touchant.
39:22Et là
39:23c'est là que vous dites
39:24bon ben on est allé au bout
39:25et on a finalement
39:27la trouvé.
39:28C'est ce que vous disiez
39:28en fait
39:29on a l'impression
39:30d'avoir servi
39:31quelque chose.
39:33La famille
39:34de la jeune femme
39:35va enfin trouver
39:36un peu de sérénité.
39:38Anaïs Guillaume
39:39l'a disparu des Ardennes
39:40après le verdict
39:41nous nous sommes rendus
39:42au cimetière
39:43pour raconter
39:44à notre fille
39:45ce qui s'était
39:46passé
39:46l'enquête
39:47de l'heure du crime
39:48je vous retrouve
39:48tout de suite
39:49sur RTL
39:49Jean-Alphonse Richard
39:52sur RTL
39:53L'heure du crime
39:54L'heure du crime
39:56présentée par
39:57Jean-Alphonse Richard
39:58sur RTL
39:59Dans l'heure du crime
40:01aujourd'hui
40:01la disparition
40:02et la mort
40:02d'Anaïs Guillaume
40:0321 ans
40:04au printemps 2013
40:05dans les Ardennes
40:06un féminicide
40:07son patron
40:08et amant
40:09le violent
40:10fermier
40:10Philippe Gillet
40:11a été condamné
40:12à 2021
40:13à 30 ans
40:13de prison
40:14la famille
40:15qui peut faire
40:16son deuil
40:16même si Philippe Gillet
40:19n'a jamais reconnu
40:20avoir tué
40:20Anaïs Gillet
40:21la famille Guillaume
40:23connaît le nom
40:24du meurtrier
40:25et a une idée
40:26des dernières heures
40:28vécues par la victime
40:29Au soir du verdict
40:30les Guillaumes
40:31se félicitaient
40:32d'avoir vengé
40:33Anaïs
40:33après toutes ces années
40:34le lendemain
40:35ils se rendaient
40:36au cimetière
40:37pour selon la maman
40:38lui raconter
40:40ce qui s'était passé
40:41moi je suis heureuse
40:43pour Anaïs
40:44parce qu'il a
40:46ce qu'il mérite
40:46et un soulagement
40:48pour mon mari
40:49et mes deux enfants
40:50parce que je sais
40:51que maintenant
40:52ils vont peut-être
40:53avoir un semblant
40:54de vie
40:54mais ils vont
40:55continuer
40:55à pousser
40:56leur chemin
40:57Valérie Guillaume
40:59la maman
41:00d'Anaïs Guillaume
41:01dans l'émission
41:02Au bout de l'enquête
41:03c'était diffusé
41:04sur France 2
41:06Mathieu Livra
41:07il vous est avec nous
41:08depuis le début
41:08de cette émission
41:09journaliste
41:09auteur du livre
41:10La Disparue des Ardennes
41:11livre publié
41:12aux éditions Grasset
41:13et qui retrace
41:14évidemment
41:14toute cette histoire
41:16Philippe Gillet
41:16il est toujours
41:17incarcéré aujourd'hui
41:18oui absolument
41:18il est toujours
41:20en prison
41:21et pour longtemps encore
41:22au vu de la peine
41:23de sûreté
41:23encore une fois
41:25il faut bien le préciser
41:26il n'a jamais avoué
41:28jamais avoué
41:30malgré
41:31malgré des dizaines
41:32d'heures
41:33d'interrogatoires
41:34d'audience
41:34etc
41:35non non
41:35c'est quelqu'un
41:36qui aux dernières nouvelles
41:38continue à dire
41:38qu'il n'a jamais
41:39fait aucun mal
41:40à Anaïs Guillaume
41:41il reste assis
41:41sur ses dénégations
41:42même s'il y a
41:43au cours de
41:43il y a eu deux procès
41:44tout de même
41:45deux procès
41:45il a été condamné
41:46à deux reprises
41:46et effectivement
41:48là il a été
41:48très lourdement
41:49condamné
41:50Didier Turc
41:51il y a quelque chose
41:52qui m'a beaucoup troublé
41:53lorsqu'on lit le livre
41:55de Mathieu Livra
41:56il a disparu
41:56des Ardennes
41:57c'est la longueur
41:59de cette enquête
42:00parce que vous nous l'avez dit
42:01vous êtes avec nous
42:02également depuis le début
42:03de cette émission
42:04de cette heure du crime
42:05vous nous l'avez dit
42:06dès le début
42:06on a des doutes
42:08sur cet homme
42:09et vous même
42:09vous avez tiqué
42:10vous avez dit
42:10un truc qui n'est pas normal
42:11vous aviez beaucoup
42:12de choses sur cet homme
42:13pourquoi ça a été si long ?
42:15c'est une décision
42:17de magistrats
42:17j'ai envie de vous dire
42:18qui ont estimé
42:20que contrairement
42:21à ce que moi
42:22je pensais
42:22que les éléments
42:23qu'on avait
42:24dès le début
42:25n'étaient pas suffisants
42:26pour ouvrir aux criminels
42:27donc on m'a laissé
42:29sur une enquête
42:31de disparition inquiétante
42:32pendant plus d'un an et demi
42:33je crois
42:34ce qui m'interdisait
42:36d'ailleurs de faire
42:36certains actes
42:37c'est-à-dire que vous
42:37ne pouviez pas
42:38par exemple
42:38faire des perquisitions
42:40je dis n'importe quoi
42:41je pouvais
42:41mais ce que je ne pouvais pas
42:42c'est placer des gens
42:43en garde à vue
42:43ou entendre des gens
42:44sous couvert de l'anima
42:45et quand vous sonniez
42:47aux portes de ces magistrats
42:48pour leur dire
42:48écoutez-moi
42:50écoutez-moi
42:51regardez
42:51il faut m'en donner plus
42:52etc
42:52j'ai essayé de leur faire
42:53comprendre
42:54qu'effectivement
42:55on était plus
42:57sur une piste criminelle
42:58qu'accidentelle
42:59ou disparition volontaire
43:00etc
43:01mais je n'ai pas réussi
43:03à convaincre les magistrats
43:04d'ouvrir une enquête
43:06au pôle criminel
43:07de Reims
43:07Mathieu Livreur
43:08il y en a perdu
43:09beaucoup de temps
43:10dans cette enquête
43:10on aurait pu
43:11finalement la résoudre
43:13elle était résolue
43:14dans la tête
43:14des gendarmes
43:15mais on aurait pu
43:17la résoudre plus vite
43:18alors moi évidemment
43:19je ne suis ni enquêteur
43:19judiciaire
43:20ni magistrat
43:21mais effectivement
43:22avec du recul
43:23c'est une affaire
43:24qui paraît
43:25malheureusement
43:25relativement simple
43:26en fait
43:26c'est-à-dire que
43:27la dernière personne
43:28qu'il a vu en vie
43:29c'était lui
43:30et effectivement
43:32comme dit Didier Turc
43:33un an et demi
43:33pour que ça soit considéré
43:35comme un dossier criminel
43:37c'est anormalement long
43:38même
43:39les Guillaumes
43:40vous les avez beaucoup racontés
43:42et vous le racontez
43:42dans votre livre
43:43vos entretiens avec eux
43:45vous êtes un des rares
43:46d'ailleurs
43:47avoir approché
43:47cette famille
43:48qui tenait
43:49à ne pas se manifester
43:50qui restait en retrait
43:51qui avait même
43:52un petit peu peur
43:53d'aborder cette question
43:54dès lors qu'on venait
43:55les interroger
43:56vous avez pu
43:56les approcher
43:57très longuement
43:57comment ils ont vécu
43:59toutes ces longues années
44:02avec beaucoup de désespoir
44:03et évidemment
44:04elle le dit la maman
44:06on l'a entendu
44:06la maman dire
44:07on n'y croyait plus
44:08ça c'est un des aspects
44:09qui m'a beaucoup marqué
44:11et ému
44:11c'est qu'au-delà de
44:13l'incroyable angoisse
44:15dans laquelle
44:15ils étaient plongés
44:15par la suite
44:16de la disparition
44:16de leur fille
44:17c'est une famille
44:18qui
44:19précisons-le quand même
44:22qui restait extrêmement digne
44:23pendant toutes ces dizaines
44:24d'heures d'audience
44:24où Gilet ne leur accordait
44:25aucun mot
44:26lors des procès
44:28voilà
44:28lors des procès
44:29mais c'est une famille
44:31qui par rapport
44:32au temps judiciaire
44:33dont on vient de parler
44:34avait fini par se convaincre
44:36que
44:36si ça ne bougeait pas plus
44:38au niveau judiciaire
44:39en tout cas
44:40c'était peut-être
44:41parce que c'était juste
44:41une petite famille
44:42des Ardennes
44:42enfin en gros
44:43c'est ça qui est
44:44ils avaient eu
44:46cette conviction-là
44:46si vous voulez
44:47au fur et à mesure
44:48du temps
44:48où rien ne se passait
44:50pour célébrer
44:52très tristement
44:53la disparition
44:54d'Anaïs Guillaume
44:55au bout de deux ans
44:55où le dossier restait
44:57sur je ne sais pas quelle pile
44:59du tribunal de Charleville-Mézières
45:00ils étaient manifestés
45:02devant le parvis
45:03du palais de justice
45:03de Charleville-Mézières
45:04avec leur soutien
45:05proche et amis
45:07ils avaient collé
45:08sur les palais de justice
45:10des flyers
45:11où il y avait notamment
45:13un des flyers
45:13qui m'avait marqué
45:14c'était
45:14et si c'était
45:14une fille de magistrat
45:15qu'est-ce qui se passerait ?
45:17bon évidemment
45:18il ne s'agit pas
45:18de dire après coup
45:20tout était simple
45:20tout était limpide
45:21évidemment
45:22mais cette famille-là
45:23s'est très sincèrement
45:24posé cette question
45:25et c'est une question
45:26qui se pose dans les familles
45:27parce qu'elles ont souvent
45:28l'impression d'être abandonnées
45:29et presque malmenées
45:31par la justice
45:31Didier Turc
45:33c'est là que vous êtes intervenu
45:34vous êtes très modeste
45:35je suis désolé
45:36mais je vais essayer
45:36de vous faire parler là-dessus
45:37parce que
45:38vous avez tendu la main
45:40à cette famille
45:41et vous leur avez dit
45:42il faut bien le dire
45:43vous leur avez dit
45:43moi je ne vais pas
45:44vous laisser tomber
45:44et vous aviez l'impression
45:45qu'ils ne vous croyaient pas
45:47de temps en temps
45:47je leur avais dit exactement
45:48que tant que je serai saisi
45:50de l'affaire
45:50je continuerai à chercher
45:52mais je rejoins
45:55ce qui vient d'être dit
45:55c'est que j'avais l'impression
45:56que cette famille-là
45:57on l'ignorait
45:59parce que
45:59c'était des gens simples
46:01donc j'ai toujours voulu
46:03que le dossier vive
46:04et je me suis efforcé
46:06à ce qu'il vive
46:06pendant toutes ces années-là
46:08afin que
46:08ne pas oublier
46:10Anaïs Guillaume
46:11mais également
46:12pour essayer de
46:12faire réagir
46:14la population
46:14et me faire remonter
46:15éventuellement des informations
46:17et puis juridiquement
46:18aussi de garder
46:19ce dossier ouvert
46:20parce que là
46:20il y a beaucoup de familles
46:21de victimes
46:22qui nous écoutent
46:22dans l'heure du crime
46:23et on est avec eux
46:24avec elles
46:24elles le savent très bien
46:26mais un dossier
46:27il faut qu'il reste ouvert
46:28et ça vous êtes battu pour ça
46:30oui mais ça dépend pas
46:31forcément de l'enquêteur
46:31bien sûr
46:32non mais je sais bien
46:33mais vous posez
46:33vous avez votre mot à dire aussi
46:36on donne notre avis
46:37effectivement
46:38mais un avis
46:40ça ne suffit pas
46:41en procédure
46:41il faut que ça soit acté
46:42ce qui n'est pas acté
46:43n'existe pas
46:44Mathieu Livoreille
46:45une dernière question
46:46pour vous
46:47est-ce qu'il y a toujours
46:49des zones d'ombre
46:50dans cette affaire
46:51bon on a
46:51l'histoire de l'épouse
46:53qui aurait été tuée
46:54etc
46:55c'est fini
46:55là-dessus
46:56il n'y a plus rien à dire
46:58mais est-ce qu'il y a encore
46:59des zones d'ombre
47:00vous parliez tout à l'heure
47:01de l'autopsie impossible
47:02par exemple de la victime
47:03on ne saura jamais
47:03de quoi elle est morte
47:04Anaïs ?
47:06peut-être qu'un jour
47:06Philippe Gillet
47:07en dira un peu plus
47:10peut-être qu'un jour
47:10s'il se retrouve face à
47:12un expert psychologue
47:13ou un juge
47:14d'application des peines
47:15pour demander
47:15de libération conditionnelle
47:16je ne sais pas
47:17peut-être qu'il y aura
47:18de nouveaux éléments
47:20mais hormis
47:22les derniers instants
47:23d'analyse Guillaume
47:23ce dossier n'a aujourd'hui
47:25plus de zone d'ombre
47:26et la famille
47:27aujourd'hui
47:27juste en mots
47:28là sur elle
47:28elle continue à vivre
47:30aussi dans ce souvenir ?
47:31elle continue à survivre
47:32on va dire
47:33on va dire ça comme ça
47:34moi quand j'avais rencontré
47:36quand j'étais revenu
47:37quand j'étais retourné
47:39les voir plusieurs fois
47:40longtemps après
47:42le procès en appel
47:43d'assises
47:43j'avais rencontré
47:45notamment une mère de famille
47:46toujours extrêmement marquée
47:47par ce qui s'était passé
47:49pour ça
47:49évidemment
47:50merci beaucoup
47:52Mathieu Livoreil
47:52et Didier Turc
47:53d'avoir été les invités
47:54de l'heure du crime
47:55merci à l'équipe
47:56de l'émission
47:57rédactrice en chef
47:57Justine Vigne
47:58aux préparations
47:59Marie Bossarté
47:59à de Turcheim
48:00réalisation en direct
48:02merci à tous
48:03merci
48:04d'avoir regardé cette vidéo

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