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  • il y a 4 jours
La rédaction de l’Opinion organise sa conférence annuelle sur le secteur agricole. Parmi les grands sujets qui seront abordés cette année, l’enjeu majeur de la souveraineté alimentaire de l’Europe et celui des nouvelles barrières douanières imposées par l’administration Trump. Nous parlerons aussi de la « bataille de l’eau » qui se joue actuellement, dans un nombre croissant de territoires, entre agriculteurs et industriels. Enfin, nous nous pencherons sur les sujets qui feront l’agriculture de demain, comme la régénération des sols ou les NGT.

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Transcription
00:00Donc nous reprenons avec une séquence innovation, en compagnie de Sylvain Bedel.
00:11Bonjour Sylvain.
00:12Bonjour.
00:13Vous êtes président directeur général France de Corteva.
00:16Vous nous expliquerez.
00:18A vos côtés Isabelle Littricot, vous êtes à la direction scientifique et agriculture de l'INRAE.
00:23Oui, bonjour.
00:24Alors justement, peut-être commencer un peu sur vos deux structures.
00:27Sylvain, si vous nous dites un mot sur Corteva.
00:30C'est moi qui commence, pas honneur aux dames, non ?
00:32Alors, on est très professionnel.
00:34On ne s'arrête pas à ce genre de choses, si je peux me permettre.
00:38D'accord.
00:39Et le coup suivant, ce sera au hasard.
00:42Mais c'était l'ordre alphabétique.
00:45Parfait.
00:45Mais bon.
00:45Ça me va très bien.
00:46Je plaisante.
00:49Donc Corteva, qui nous sommes ?
00:51Donc Corteva, on est en fait une société, on est un pur player de l'agriculture.
00:56Une société 100% dédiée au succès des agriculteurs.
00:59On est un leader mondial de l'innovation agricole.
01:03On investit énormément en R&D, plus de 1,5 milliard de dollars par an, soit 4 millions de dollars par jour, quand même, investi en R&D.
01:11C'est vraiment le moteur qui alimente notre vision pour une agriculture plus innovante, plus durable.
01:18En quelques mots, on a trois axes majeurs de développement en termes d'innovation.
01:23Le premier, c'est qu'on continue à innover sur les produits de protection des cultures.
01:28Des produits de protection innovants, pour nous, c'est des produits qui finalement vont continuer à maintenir une protection optimale pour l'agriculteur en diminuant l'empreinte environnementale de ces produits.
01:37Donc, on travaille énormément sur des nouvelles matières actives avec des doses extrêmement faibles.
01:42Par exemple, on développe un herbicide révolutionnaire qui va être utilisable à moins d'un gramme de matière active par hectare et remplaçant de ce fait des produits qui s'utilisent à plusieurs centaines de grammes.
01:51Donc, ça, c'est un exemple de nouvelles molécules qui arrivent.
01:53Le deuxième volet qui est important pour nous en termes de développement, c'est tout ce qui est produits de biocontrôle et biostimulants.
02:00Donc, de ce fait, on a des produits de biocontrôle d'origine naturelle, notamment issus de fermentation bactérienne.
02:07Et puis, on a, grâce à l'acquisition de deux sociétés majeures dans le domaine des biostimulants, un portefeuille large de ce type de produit pour, quelque part, protéger le potentiel génétique des cultures.
02:18Donc, on a vraiment une approche très inclusive sur ce domaine-là.
02:22On veut un portefeuille de produits complets qui s'adresse à tous les types d'agriculteurs, qu'ils soient conventionnels ou bio, mais sans compromis sur l'efficacité.
02:32Donc, ce qu'on veut, c'est accompagner progressivement les agriculteurs pour qu'ils puissent s'adapter aux contraintes réglementaires.
02:40On est bien dans le sujet de la journée.
02:41Voilà. Et le troisième volet, c'est le sujet de la journée, c'est les semences et les NGT, notamment.
02:46Vous n'êtes pas là par hasard ?
02:48Voilà. Non, ça tombe bien, finalement. On parle de ça.
02:51Donc, voilà. Donc, avec un focus sur, notamment, le maïs, soja, tournesol et colza.
02:56Alors, on va rentrer dans l'état, justement, de ces solutions.
02:59Isabelle, un mot sur l'INRAE et, justement, les travaux que vous faites en matière de NGT.
03:05Oui. Alors, INRAE, Institut national de la recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement.
03:12Donc, un institut de recherche public sous la double tutelle du ministère de l'agriculture et du ministère de la recherche.
03:19Et le premier institut spécialisé dans ces domaines-là au niveau mondial.
03:23Donc, nos missions, la production de connaissances scientifiques, bien sûr, et production et diffusion de connaissances dans les domaines de l'agriculture,
03:31l'alimentation et de l'environnement, avec des grandes orientations autour de l'agriculture durable, la souveraineté alimentaire, on en a parlé ce matin,
03:39mais aussi la préservation de l'environnement et ces jolis compromis qu'on doit faire pour atteindre tout cela.
03:44Et on valorise les résultats de notre recherche, nos compétences, nos savoir-faire pour la conception d'innovation technique, sociale.
03:55Et INRAE, aujourd'hui, c'est plus de 8000 personnels permanents et titulaires, avec environ 2000 chercheurs, 3000 ingénieurs, 3000 techniciens.
04:08Et environ 270 unités, donc laboratoires, distribués à travers le territoire national, l'Hexagone et l'Outre-mer.
04:16Si on arrive à notre sujet des NGT, alors peut-être que vous pouvez nous définir ce que c'est, c'est un mot qu'on entend de plus en plus,
04:27qui rappelle un autre acronyme et ce n'est pas du tout pareil, donc expliquez ce que c'est que les NGT.
04:32Alors les NGT, les New Genetic Techniques, c'est une gamme de techniques qui permet de modifier le matériel génétique des organismes.
04:41Et alors il y a une gamme de techniques, ça veut dire qu'il y en a plusieurs, et je vais peut-être focaliser mon propos sur la mutagenèse,
04:48donc ce qui permet, des processus qui permettent de muter au niveau du génome.
04:55Et on a ce qu'on appelle la mutagenèse, par exemple, aléatoire, qui est une mutagenèse artificielle,
05:00donc on arrive à obtenir des mutations à travers, via l'exposition à un rayonnement ou à des éléments chimiques.
05:10Et à partir d'un agent chimique qui permet de muter, donc mutagène.
05:15Et cette mutagenèse aléatoire, en fait, on la pratique et on l'utilise depuis le début du XXe siècle.
05:22Donc c'est quelque chose qui est bien connu et qui permet notamment d'avoir aujourd'hui plus de 3000 variétés
05:29issues de mutagenèse aléatoire.
05:31Donc on soumet du matériel végétal à des agents chimiques ou à des rayonnements
05:37pour pouvoir avoir de la mutagenèse, distribuer aléatoirement sur le génome
05:42et puis on va récupérer finalement les plantes qui sont intéressantes par rapport à leur expression phénotypique.
05:51Sylvain, peut-être en complément, c'est une accélération de la nature ?
05:54Oui, c'est un outil formidable à disposition de nos sélectionneurs, justement, pour aller plus vite,
06:00pour sélectionner des critères d'intérêt.
06:03Et donc ça permet aussi, je pense, il faut le dire au préalable,
06:06ça va permettre de répondre aux défis majeurs auxquels sont déjà confrontés
06:11ou vont être confrontés les agriculteurs dans le futur.
06:14Le défi climatique, on a des phénomènes extrêmes, on en a vu l'expression hier,
06:18par rapport à l'eau également, on a des nouvelles maladies qui arrivent,
06:21on a un défi réglementaire, vous le savez, on doit quand même baisser,
06:25l'objectif de l'Europe, c'est de baisser de 50% l'utilisation de produits phytosanitaires.
06:29Il y a des défis aussi, je dirais, sociétaux, avec un besoin alimentaire croissant,
06:34mais aussi des exigences plus fortes en matière de durabilité, en matière de qualité.
06:38Et puis on veut quand même qu'au bout du bout, l'agriculteur, il puisse vivre de son métier.
06:41Donc il y a un défi de rentabilité.
06:43Et ce qu'on pense, nous, c'est que ces techniques-là, les NGT et l'innovation générale,
06:46c'est la seule façon de permettre de concilier cette équation
06:50pour justement arriver à concilier productivité, rentabilité et durabilité.
07:00Et donc les NGT, c'est un accélérateur de phénomènes naturels, finalement.
07:04On va améliorer un matériel génétique existant, mais sans ajouter d'ADN étranger.
07:11Et ça, c'est un élément fondamental pour ne pas faire l'amalgame avec les OGM.
07:15Voilà, puisque vous en venez, référence tout à l'heure.
07:17Je peux peut-être préciser que, là j'ai exposé la technique de mutagenèse aléatoire,
07:23mais on a une autre technique de mutagenèse qui est dite mutagenèse dirigée.
07:28Et vous avez sûrement entendu parler de ça, c'est aussi appelé l'édition des génomes.
07:33Et donc cette technique-là, elle est beaucoup plus précise que la mutagenèse aléatoire,
07:37puisqu'elle utilise une enzyme, une nucléase, qui a été découverte en 2012
07:42et qui a valu le prix Nobel, notamment à une française.
07:45Et donc avec cette technique-là, on va pouvoir aller cibler de façon très précise
07:50une séquence d'ADN d'intérêt, donc un gène d'intérêt,
07:55qui nous permet justement de modifier l'expression de la plante
07:58sur des fonctions qui sont d'intérêt, notamment pour la réponse au changement climatique.
08:02Justement, est-ce qu'on commence à avoir des exemples concrets de gènes qui ont été modifiées
08:10et qui répondent à tous ces objectifs que vous avez décrits, Sylvain ?
08:14Juste peut-être pour préciser une chose par rapport à ce que vous disiez,
08:17ce qui a fait l'objet du prix Nobel en 2020.
08:20C'est une technique quand même qui a été inspirée de la nature,
08:23parce que pour la petite histoire, comment ça a été découvert ?
08:25C'est un chercheur à l'époque, il y a plus de 20 ans, de chez Danisco,
08:28qui est appartenant à Dupont à l'époque, qui avait observé le comportement étrange
08:34de bactéries lactiques qui arrivaient à se débarrasser de virus
08:37lorsqu'ils étaient infectés par un virus en pratiquant cette technique de ciseaux moléculaires.
08:41Et d'où la technique des CRISPR-Cas9 qui a été après dévoilée.
08:45Donc pour répondre finalement à la question, les exemples, mais il y en a de nombreux,
08:49notamment quand je parlais de défis climatiques pour répondre à ça,
08:53on développe par exemple des maïs à stature réduite.
08:56On va réduire de 40% la hauteur du maïs.
08:59Donc vous comprenez bien.
09:00Donc ça va consommer moins d'eau ? C'est quoi les avantages ?
09:03Alors, peut-être pas sur l'eau, mais en tout cas sur la partie verse et résistance aux tempêtes, déjà.
09:08Après, il y a effectivement toute une recherche pour avoir des variétés en général
09:11qui sont plus résistantes au stress hydrique.
09:13Ça, ça prendra plus de temps, j'ai bien compris, mais ça va arriver aussi.
09:16Après, d'autres exemples, chez nous, on développe des maïs résistants aux maladies.
09:21Donc on lance aux Etats-Unis un maïs qui est résistant à l'élementosporiose, l'anthracnose, la rouille.
09:27Donc c'est parti.
09:28Donc ça va permettre de réduire l'utilisation de produits phytocénitaires.
09:31Puis je vous laisserai parler peut-être de l'exemple qu'on a en commun.
09:34Du soja.
09:34Du soja.
09:35On s'est rendu compte en préparant la table ronde que vous étiez en train de travailler sur un projet.
09:38Alors Isabelle, ce projet soja, c'est quoi ?
09:41Effectivement, on a un projet commun sur lequel on travaille depuis quelques années autour du soja.
09:48Et en particulier, la possibilité de rendre le soja plus précoce en termes de floraison.
09:54Puisque l'idée, c'est de pouvoir avoir des sojas qui sont cultivés sur une zone plus au nord,
10:01donc plus froide et plus humide.
10:03Et donc la nécessité d'avoir des sojas plus précoces dans ces conditions-là.
10:07Puis aussi pour pouvoir les mettre en double récolte, double culture,
10:12c'est-à-dire en amont d'une espèce dorante.
10:16Et en fait, pour pouvoir avoir des sojas plus précoces,
10:19alors ça existe déjà les variétés plus précoces,
10:21mais elles sont très peu utilisées parce qu'elles sont très peu améliorées sur des caractères agronomiques,
10:27qui sont des caractères d'acide oléique, de production, etc.
10:32Et donc là, l'idée, c'était, via l'édition du génome,
10:35on aurait pu le faire autrement, mais ça prend beaucoup plus de temps,
10:37je pourrais y revenir, via l'édition des génomes,
10:39de pouvoir justement obtenir une gamme de précocités pour cette espèce-là,
10:45et donc ces variétés-là.
10:46Et en même temps, l'intrograisser, c'est-à-dire introduire cela dans des variétés
10:50qui sont d'intérêt agronomique, et donc on aurait la double efficacité.
10:56Je voulais revenir sur ce sujet du temps, parce que vous avez dit plusieurs années,
10:59dans quelques années.
11:00Alors concrètement, combien de temps ça prend de développer ?
11:05Ce qui est important, c'est, alors, on a vu la possibilité de faire de la mutagenèse
11:11dirigée assez précise avec la CRISPR-Cas9, notamment une des nucléases
11:15qui peut être utilisée via l'édition des génomes.
11:19Mais il y a quand même aussi, et du coup, ça permet d'aller plus vite,
11:23parce que la base de la sélection, c'est les croisements.
11:26Et pour pouvoir introduire des caractères d'intérêt dans des variétés,
11:31il va falloir faire plusieurs croisements.
11:32Donc on va dépendre du temps de génération de l'espèce, etc.
11:38Et ça peut prendre entre 10 et 25 ans pour avoir, si on a des espèces pérennes
11:41comme les fruitiers, comme la vigne, ça peut prendre beaucoup de temps d'obtenir,
11:45enfin, ça prend beaucoup de temps d'obtenir une variété.
11:48Alors qu'avec CRISPR-Cas9, donc l'édition des génomes, on va aller beaucoup plus vite
11:52puisqu'on cible un gène et puis on va pouvoir l'éditer.
11:55Et là, ça prend quelques années, voilà, 3, 4, 5 ans.
12:00Mais par contre, ce qui est important à noter, c'est qu'il nous faut quand même connaître le gène.
12:07Voilà, donc il y a aussi des limites à l'utilisation de la technique,
12:10parce qu'un, il faut qu'on connaisse la partie de l'LDN, donc le gène qu'il va falloir cibler.
12:16Ensuite, il faut que l'espèce qu'on étudie et qu'on veut travailler,
12:20elle ne soit pas récalcitrante, elle ne réagisse pas toutes de la même façon,
12:23les espèces végétales à l'édition des génomes.
12:26Donc il y a de l'amélioration en termes de protocole à fournir à ce sujet.
12:30Donc il y a aussi de la régénération, parce qu'après avoir édité, il faut régénérer la plante.
12:34Et puis il y a des espèces qui n'aiment pas du tout la régénération.
12:36Donc on a quand même des verrous techniques aussi qui sont encore présents
12:42et qui font qu'on ne peut pas utiliser l'édition des génomes pour tout.
12:45Et puis le dernier point, c'est aussi expliquer que l'édition des génomes, c'est précis,
12:50mais ce n'est pas exact.
12:51C'est-à-dire qu'on arrive à cibler la portion qu'on veut vraiment avoir,
12:57mais il y a aussi des mutations hors cibles.
13:01Alors il n'y en a pas beaucoup.
13:01Il y en a toujours eu.
13:02Voilà, il n'y en a pas beaucoup et ça dépend aussi des espèces.
13:06Mais ça existe aussi, donc il faut pouvoir identifier ces mutations hors cibles, etc.
13:10Et puis plus on a de gènes qui codent, qui sont à la base du caractère d'intérêt,
13:16et plus c'est complexe d'éditer.
13:18Donc ça dépend des espèces plus ou moins simples comme espèces.
13:22Et puis du caractère en fonction de la multigénie du caractère ou pas.
13:26Je voulais revenir sur les verrous.
13:27Alors vous avez évoqué les verrous techniques, mais il n'y a pas que des verrous techniques.
13:32Et si je suis très naïve, vous avez parlé de plusieurs projets qui arrivent aux Etats-Unis.
13:37Où est-ce qu'on en est en France ?
13:39Et quand est-ce qu'on pourra voir ces techniques vraiment proposées ?
13:43C'est effectivement la bonne question, la question qui fait débat.
13:46C'est quand même frustrant pour nous, parce qu'on a quand même en France et en Europe,
13:51on a la science, on a les compétences, on a les projets qui sont prêts à arriver.
13:57Pour autant, la réalité, c'est qu'il y a de nombreux pays dans le monde
14:01qui ont déjà adopté une législation facilitante pour les NGT,
14:06notamment tout le continent américain.
14:09L'Europe, on a un retard qui est significatif sur l'adoption.
14:14Alors le débat, il est légitime, il faut qu'il ait lieu.
14:16Mais pour autant, on doit réellement accélérer maintenant les choses
14:21si on veut qu'un jour les agriculteurs puissent avoir à disposition dans leur cours de ferme
14:24ce type de variété qui vont leur permettre réellement
14:27de relever les nombreux défis dont ils ont en phase 2.
14:31Donc c'est vraiment le besoin rapide d'avoir un cadre réglementaire facilitant
14:35qui permet de faciliter justement la recherche et l'avancement de ces technologies.
14:41Isabelle, vous vous sentez limitée aujourd'hui dans vos recherches et dans vos travaux.
14:44C'est quoi l'ambiance dans laquelle ?
14:46Non, au niveau de la recherche, l'édition des génomes, c'est un outil qui est majeur en recherche
14:52parce que ça va permettre d'aller identifier, de valider des gènes,
14:57de comprendre le fonctionnement des organismes, en particulier végétaux.
15:02Donc c'est vraiment un outil majeur et on n'a pas de limitation d'utilisation de la technologie
15:07au niveau de la recherche.
15:08Donc on travaille de façon assez sereine à ce sujet.
15:12Après, c'est sûr que pourquoi est-ce qu'on n'en fait pas plus en France
15:15et en particulier au niveau de l'innovation variétale.
15:19Donc ce que Sylvain expliquait.
15:21Et puis il y a aussi des verrous d'accessibilité.
15:24Parce qu'aujourd'hui, l'édition des génomes, on connaît plusieurs nucléases,
15:28plusieurs enzymes qui sont capables d'éditer les génomes,
15:32dont la CRISPR-Cas9 qui est d'ailleurs l'enzyme qui a la meilleure efficacité,
15:35mais elle est brevetée.
15:38Et donc du coup, l'accessibilité à cette technologie-là,
15:42elle passe aussi par des licences à acquérir.
15:46Donc ça aussi, c'est aussi un accès qui peut parfois être compliqué
15:52selon l'acteur qui veut utiliser la technologie.
15:55Et puis, bien évidemment, les histoires de pays, de propriétés intellectuelles
15:58associées aux produits de l'édition des génomes.
16:02Le jour où ça sera disponible, ça va changer la donne ?
16:07Oui, clairement, oui.
16:08Je pense qu'effectivement, par rapport à ce dont on évoquait avant,
16:12sur les objectifs qu'on a notamment réglementaires,
16:15je pense que dès lors qu'on aura des variétés résistantes à certaines maladies,
16:19vous aurez une réduction de faits de produits phytosanitaires.
16:24C'est un fait.
16:25Alors il y en aura peut-être encore, mais il y en aura moins.
16:27Ou d'autres types de produits.
16:28Peut-être des produits type biocontrôle,
16:29avec des profils meilleurs d'un point de vue environnemental, etc.
16:33Donc il y a beaucoup de vertus à ce qu'on arrive à accélérer les choses,
16:36de faire en sorte que l'Europe fasse partie de la prochaine révolution de l'innovation.
16:42Parce que c'est réellement ça.
16:43Pour moi, il y a quand même un enjeu de préserver la souveraineté technologique de l'Europe aussi,
16:48de ne pas être à côté du reste du monde sur des techniques
16:50qui sont quand même des techniques de rupture.
16:52Je pense qu'on peut le dire pour l'agriculture.
16:54Et pas que pour l'agriculture.
16:55D'ailleurs, il y a d'autres domaines d'utilisation de ce type de techniques.
17:01Si on ne peut retenir qu'une chose sur les NGT,
17:03qu'est-ce qu'on doit savoir ?
17:04Qu'est-ce qu'on doit se dire ?
17:07Donc moi, je voudrais revenir sur un peu plus d'une chose,
17:09mais je le ferai assez rapidement.
17:11Donc vous l'avez compris,
17:13on a des exemples de ré qui marchent bien.
17:15Notamment, on a des tomates qui sont résistantes à certaines maladies,
17:20enfin aux petits virus,
17:22qui sont issus d'une résistance du piment.
17:25Donc voilà, on a quand même de la cameline aussi
17:27qui peut permettre d'être dans des systèmes dits agroécologiques
17:31et qu'on a réussi à éditer sur différents traits d'intérêt.
17:35Mais ce qu'il faut retenir,
17:36c'est que pour moi, c'est un outil majeur en recherche,
17:39bien évidemment, vous l'avez compris.
17:41C'est un outil qui est intéressant,
17:43qui potentiellement est intéressant en innovation variétale.
17:46On a d'ailleurs un gros programme financé par France 2030,
17:49qui est un programme et un équipement prioritaire de recherche
17:52sur ce sujet dédié à ce sujet avec 30 millions d'euros.
17:58Donc on va essayer de déverrouiller certaines choses au niveau technique, etc.
18:03Mais pas que.
18:04Et puis, ce qui est important,
18:06c'est donc de dire que, effectivement,
18:08cette édition des génomes,
18:09c'est un outil qui pourrait avoir une contribution importante
18:13au niveau des enjeux de l'agriculture de demain,
18:16comme l'a dit Sylvain,
18:17ce n'est pas un outil magique,
18:19c'est-à-dire que c'est un outil complémentaire à des outils existants.
18:22Et ça, c'est important, ça ne va pas tout résoudre.
18:24C'est en complément de ce qu'on a déjà.
18:27C'est important de le préciser.
18:29Et puis, ce qui est aussi important d'avoir à l'esprit,
18:32c'est que l'utilisation de cette technologie-là,
18:35donc les plantes éditées,
18:36oui, mais pourquoi ?
18:38Donc, sur certains caractères qui sont d'intérêt pour l'agroécologie,
18:42notamment, et donc pour les transitions.
18:44C'est-à-dire qu'il est aussi important de définir
18:47les fonctions qui sont éditées et pour quels objectifs.
18:51Voilà, donc l'agriculture durable, notamment.
18:54Ce qu'il faut retenir, Sylvain.
18:56Pour moi, ce qu'il faut vraiment retenir,
18:57c'est que l'innovation, c'est la clé
18:59pour répondre aux défis de l'agriculture de demain.
19:02Mais cette innovation, elle n'aura de sens
19:03que si elle profite à tous les agriculteurs,
19:06au plus grand nombre.
19:08Et justement, pour revenir sur ce qu'on disait tout à l'heure,
19:10on a justement une approche collaborative
19:11au sein de différentes sociétés
19:13parce qu'on a créé une plateforme
19:14qu'on appelle la plateforme ACLP
19:16qui permet justement de favoriser la transparence
19:20sur les caractères qui sont brevetés
19:21et de faciliter l'accès à tous les sélectionneurs
19:24pour ces gènes.
19:26Donc ça, c'est intéressant de le repréciser
19:28parce que ça existe déjà avec une plateforme
19:30qui s'appelle l'ILP,
19:31qui marche très bien dans le secteur des potagères.
19:33Donc on fait la même chose pour les NGT,
19:35justement, pour avoir cette transparence-là
19:36et faire en sorte que toutes les sociétés,
19:38même celles qui n'ont pas la recherche
19:39qu'on peut avoir nous, par exemple,
19:41puissent avoir accès pour améliorer
19:43leur variété avec ces techniques-là.
19:47Messieurs, messieurs, mesdames,
19:49on n'avait plus qu'à prendre note
19:50et à vous greffer dessus.
19:51Merci beaucoup à tous les deux.
19:52Merci à vous.
19:53Merci à tous.
19:53Applaudissements
19:54Sous-titrage Société Radio-Canada

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